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France : Emmanuel Macron attendu à Bruxelles après un début de quinquennat diesel

Photo : Le président français, Emmanuel Macron, à l’Élysée, le vendredi 13 mai


« Inertie » dénoncée par les oppositions, attente jusque dans son camp : cinq semaines après sa réélection, le chef de l’État français, Emmanuel Macron, reste étonnamment en retrait, loin de son image de président pressé et de l’élan habituel d’une majorité en campagne. Le président français a disparu des radars alors que les crises s’accumulent sur les fronts politiques, économiques et sociaux. Après un discret week-end de l’Ascension, ponctué d’échanges téléphoniques internationaux, à sa résidence de Brégançon dans le Var, le dirigeant français reprendra le chemin de Bruxelles pour un sommet européen ces lundi 30 et mardi 31 mai, puis des déplacements de terrain dans l’Hexagone, indique-t-on dans son entourage, en récusant tout immobilisme. S’il se concentre sur les dossiers internationaux, la situation politique intérieure se tend : après les dérapages au Stade de France qui ont choqué jusqu’à la presse internationale, l’affaire Abad est toujours dans le radar médiatique et les législatives arrivent à grands pas, alors que le nouveau gouvernement, pour grande partie en campagne, ne semble pas imprimer.

« Ça tarde à redémarrer… »

Bernard Sananès

Le président de l’institut Elabe, Bernard Sananès, se dit « surpris du décalage entre la volonté qui a été celle d’Emmanuel Macron avant la présidentielle de gouverner jusqu’au dernier moment, et l’impression aujourd’hui qu’au premier moment, ça tarde à redémarrer ». À la différence des anciens présidents français, François Mitterrand ou Jacques Chirac, il n’a certes pas été réélu au terme d’une cohabitation, et son second quinquennat s’inscrit donc assez naturellement dans la continuité du premier. « Mais on ne sent pas cette impulsion nouvelle et on voit bien que les Français sont assez critiques. », souligne Bernard Sananès. La nomination d’un nouveau gouvernement, censé donner le tempo, a pris quatre semaines après la victoire à la présidentielle, autre temps long inédit, laissant Jean-Luc Mélenchon et son Union de la gauche quasi seuls sur le devant de la scène politique française.

« Atonie relative… »

Benjamin Morel


Le président français a sans doute voulu jouer la montre afin de ne pas exposer trop tôt la nouvelle équipe avant les législatives, estiment des experts. « Ça permet de ne pas donner prise à un certain nombre d’attaques, de peupler le vide, et d’avoir ensuite un effet de souffle avec l’annonce du nouveau gouvernement. », explique Benjamin Morel, maîtres de conférences à l’université Paris 2. « Mais dans cette période d’atonie relative, cette perspective s’est réduite comme peau de chagrin. », considère-t-il. Le gouvernement d’Élisabeth Borne, dont tous les poids lourds étaient déjà présents à l’Acte 1, a été largement perçu comme celui du changement dans la continuité. Il suscite peu l’enthousiasme des français, qui se disent mécontents à 58% de sa composition, selon un sondage Ifop-Fiducial pour Sud-Radio publié vendredi 27 mai.

À deux semaines des législatives 

La plupart des nouveaux ministres ne sont pas connus, et, le plus souvent, leur nomination est perçue comme une mauvaise plutôt qu’une bonne décision, d’après une enquête Odoxa – Backbone Consulting réalisée pour Le Figaro. À deux semaines des législatives françaises, cette atonie inquiète dans la majorité. « Il n’y a pas de lead (direction, ndlr) politique. », se désole une source parlementaire à La République En Marche (LREM), en appelant à « muscler le jeu ». Les accusations de viol contre le nouveau ministre des Solidarités Damien Abad, prise de guerre LR destinée à capter l’électorat de droite, ont aussi jeté un froid. « Abad, ça pollue tout, surtout la séquence de Borne. », relève la source parlementaire, même si le parquet de Paris a fait savoir qu’il n’ouvrait pas d’enquête préliminaire « en l’état »

295 à 335 sur 577

L’absence de « dynamique » se répercute dans les intentions de vote qui prédisent au camp du président une majorité se resserrant (295 à 335 sièges sur les 577 sièges que compte l’hémicycle français, selon un sondage OpinionWay pour Les Échos du mercredi 25 mai. En attendant, l’opposition se frotte les mains. En campagne, hier, samedi 28 mai, à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), la patronne du Rassemblement National (RN), deuxième de la présidentielle française d’avril 2022, a pointé « un sentiment de vacance du pouvoir ». « Tout ça est extrêmement lent, alors même que la situation de nombre de français est critique et urgente en matière de pouvoir d’achat. », a lancé Marine Le Pen. « Macron est inerte, son gouvernement est assez éteint. », renchérit l’allié des Républicains, le centriste Jean-Christophe Lagarde (UDI).

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