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France : Avec 341 Pour, 116 Contre et 21 abstentions, le Parlement adopte le projet de loi pour le pouvoir d’achat

Photo : L’Assemblée nationale française, à Paris, ce vendredi 22 juillet


À l’issue de quatre jours de débats sous haute tension, l’Assemblée nationale française a voté, tôt au matin, ce vendredi 22 juillet, en première lecture, le projet de loi « d’urgence » pour le pouvoir d’achat. Il comprend notamment la revalorisation des pensions et la déconjugalisation de l’allocation adulte handicapé. Le texte qui a donné lieu durant 96 heures à des joutes entre la majorité et les différents groupes d’opposition de droite et de gauche de la politique française, faisait office de test pour le camp présidentiel soutenant les actions du chef de l’État français, Emmanuel Macron. Désormais privé de majorité absolue, ce dernier a dû compter sur le soutien des élus LR et du RN qui ont timidement salué certaines « avancées » tandis que la gauche s’indignait d’un projet en forme de « déclaration de guerre aux salaires ».

Mi-temps pour répondre à 14h

Au bout d’une nuit émaillée d’invectives, le premier grand texte de la nouvelle législature française a été validé peu avant 6h du matin (5h, ici au Bénin) par 341 voix Pour, 116 Contre et 21 abstentions. « Ayatollahs verts », « fachos », « nullités énergétiques » : les attaques ont fusé pendant de longues heures, donnant parfois à l’hémicycle français des airs d’enceinte incontrôlable. Comme dans un match de football très spectaculaire aux grands enjeux, les députés sont à la mi-temps. En effet, les hostilités pourraient reprendre rapidement puisque les élus du peuple français commencent ce même vendredi, à 15h (14h au Bénin) à examiner le projet de loi de finances rectificatives qui complète ces mesures et comporte quelques propositions explosives telles que la suppression de la redevance audiovisuelle.

Un paquet de mesures hétéroclites, une vingtaine de milliards d’euros

Il faut dire qu’il est difficile de résumer le texte adopté par l’Assemblée nationale française, au lever du jour, ce vendredi. En cause, il prévoit notamment le triplement à 6.000 euros du plafonnement de la prime Macron, le plafonnement de la hausse des loyers à 3,5% dans l’Hexagone et enfin la facilitation de la résiliation en ligne des abonnements. Parmi les autres mesures prévues par le texte figurent également les revalorisations anticipées de 4% des pensions de retraite et des prestations sociales, une augmentation de 3,5% du traitement des agents publics et un chèque alimentaire de 100 euros (plus 50 euros par enfant). Coût anticipé par l’État français de ce paquet de mesures : une vingtaine de milliards d’euros.

Un vote savouré

Rappelons qu’au cours d’un très rare moment de concorde, les députés ont voté à l’unanimité, deux jours plus tôt, le mercredi 20 juillet, la déconjugalisation de l’Allocation Adultes Handicapés (AAH). À signaler que c’est une mesure réclamée de toutes parts en France, mais que la gouvernance Macron avait refusée lors de la précédente législature. Son vote fait réjouir les animateurs de la vie politique française. « La colère du peuple vous a obligé à lâcher du lest. », a savouré Hadrien Clouet, au nom d’un groupe LFI très offensif. Plus mesuré, Gérard Leseul, pour le groupe PS, a déploré que la méthode de l’exécutif français n’ait « pas changé » malgré le souhait affiché d’une recherche de compromis.

Un volet énergétique critiqué 

Dans les faits, les quelques amendements des oppositions qui ont reçu le soutien du gouvernement venaient en grande majorité des bancs de LR. Résumant la position de son groupe sur le projet de loi, Thibault Bazin a d’ailleurs évoqué certaines mesures allant « dans le bon sens » tout en restant « très insuffisantes ». En quête de respectabilité, le RN qui avait affiché sa volonté de voter le texte a évoqué de « maigres, mais réels gains de pouvoir d’achat » malgré de nombreuses carences. C’est notamment sur le volet énergétique que le texte gouvernemental a essuyé de très sévères critiques. Afin de parer à une possible fermeture du robinet à gaz russe, le projet de loi introduit des mesures qui ont fait des remous de part et d’autres de l’hémicycle français.

Décision « suicidaire », l’exécutif se défend

Les députés de gauche se sont notamment élevés contre l’instauration de dérogations au droit de l’environnement afin d’accélérer la mise en service d’un terminal méthanier au Havre à même d’acheminer du gaz en provenance d’autres pays que la Russie, et par lequel pourrait transiter du gaz de schiste américain. « Une telle décision est suicidaire. », a tonné l’écologiste, Delphine Batho. « Si la décision, c’est de remplacer le gaz de Poutine par du gaz de schiste américain, c’est une pure folie. », ajoute la députée française. Devant ce ton du législatif, exécutif a tenté de se défendre. « On parle de remplacer une énergie fossile par une autre énergie fossile. Pas d’émettre plus de CO2. », a déclaré la ministre française de la Transition Énergétique, Agnès Pannier-Runacher, mais sans convaincre la gauche.

« Ce retour au charbon n’est pas une bonne nouvelle. »

Maud Bregeon

Un autre article du texte, offrant un cadre légal au redémarrage prochain de la centrale à charbon de Saint-Avold, n’a pas fait hurler que les Verts. Elle a également fait tiquer les LR et le RN, qui y vont vu la conséquence « désastreuse » de la politique énergétique du gouvernement. « Ce retour au charbon n’est pas une bonne nouvelle. », a convenu la rapporteure LREM, Maud Bregeon, qui a toutefois défendu un recours « temporaire » pour répondre à une « situation exceptionnelle ». Au milieu des tensions, l’examen du texte a réservé une petite surprise : l’autorisation, avec l’aval du gouvernement, de l’utilisation des huiles usagées comme carburant. « En France, on n’a pas de pétrole mais on a de l’huile de friture. », a plaisanté Julien Bayou (EELV), à l’origine de cet amendement.

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