Photo : Le regretté Jean-Luc Godard
Deuil au cinéma. « C’est lorsque les choses finissent qu’elles prennent un sens. », disait Bruno Putzulu dans Éloge de l’amour en 2021. D’abord annoncée par le journal français Libération, l’information a finalement été confirmée par un proche de la famille. Décédé en Suisse, ce mardi 13 septembre, à l’âge de 91 ans, le réalisateur d’« À bout de souffle », Jean-Luc Godard, a eu recours au suicide assisté. « M. Godard a eu recours à l’assistance légale en Suisse d’un départ volontaire suite à de ‘multiples pathologies invalidantes’ selon les termes du rapport médical. », a expliqué Patrick Jeanneret, Conseiller de la famille du défunt. Gage que tout a été précipité, ce proche du réalisateur a également expliqué que l’annonce du décès aurait dû être faite dans « deux jours » et que le communiqué avait dû être écrit à la hâte à la suite d’une fuite dans la presse.
Dans une séquence republiée ce mardi par le journaliste Darius Rochebin, et datant d’il y a deux ans, Jean-Luc Godard évoquait déjà la possibilité d’avoir recours au suicide assisté. « Je ne suis pas anxieux de poursuivre à toute force. Si je suis trop malade, je n’ai aucune envie d’être traîné dans une brouette… Pas du tout. », disait-il alors. « Je ne veux pas être trainé dans une brouette. » Les mots par lesquels Godard expliquait son choix de recourir au suicide… C’est ainsi se lit le tweet de Darius Rochebin. Depuis plusieurs décennies, les voisins français d’outre-Alpes permettent le « suicide assisté ».
Concrètement le droit suisse n’autorise pas l’euthanasie, mais n’empêche pas l’assistance au décès. En quoi consiste-t-il donc ? « L’assistance au suicide consiste à fournir au patient la substance mortelle qu’il ingérera alors lui-même, sans intervention extérieure, pour mettre fin à ses jours. », précise le site de l’administration Suisse. À cet égard, la personne qui souhaite avoir recours à un suicide assisté doit faire preuve de « discernement ». L’article 115 du Code pénal helvétique prévoit aussi des garde-fous et rappelle ainsi également que « celui qui, poussé par un mobile égoïste, aura incité une personne au suicide, ou lui aura prêté assistance en vue du suicide, sera, si le suicide a été consommé ou tenté, puni d’une peine privative de liberté de cinq ans au plus ou d’une peine pécuniaire. », précise le texte.
Euthanasie active indirecte et euthanasie passive
L’euthanasie active directe qui consiste à « abréger les souffrances d’une personne » et où « le médecin ou un tiers fait intentionnellement au patient une injection qui entraîne directement la mort de ce dernier » est ainsi punissable. À l’inverse, l’euthanasie active indirecte, ou l’euthanasie passive sont « admises ». La première consiste à « soulager des souffrances » en administrant des substances « dont les effets secondaires sont susceptibles de réduire la durée de la survie ». La seconde consiste à renoncer à des mesures de maintien de la vie ou à leur interruption, comme le : débranchement d’un appareil à oxygène. En Suisse, le suicide assisté n’est donc pas encadré par des médecins, mais par des associations, comme Dignitas, Lifecircle, ou encore Pegasos.
Augmentation de suicide assisté
Ces associations aident notamment à trouver un lieu, mais aussi à solliciter un médecin pour trouver les médicaments qui permettront de s’éteindre. L’organisation Exit a accompagné près de 1.400 personnes dans la mort en 2021. Il est à noter que les suicides assistés ont augmenté annuellement ces dernières années en Suisse, passant de 187 cas par an en 2003 à 965 en 2015, selon l’Office fédéral de la statistique. Après une légère diminution en 2016, ils sont repartis depuis à la hausse. En France, la mort de Jean-Luc Godard prend un sens nouveau à la lueur de cette information : le président français, Emmanuel Macron, a annoncé le lancement prochain d’une Convention citoyenne sur la fin de vie qui durera six mois. Le locataire de l’Élysée qui veut une évolution de la loi d’ici à 2023 n’a pas exclu de passer par un référendum pour conclure ce cycle de débat.
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