Photo : Les migrants à bord de Ocean Viking
Il est attendu ce jour, vendredi 11 novembre, en France, plus précisément à Toulon. Une annonce doublée d’une attaque en règle. Ce jeudi 10 novembre, à la sortie du Conseil des ministres du gouvernement français, le ministre français de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a annoncé l’accueil « à titre exceptionnel » du navire humanitaire Ocean Viking, bloqué en Méditerranée avec 234 migrants à son bord, dont des femmes et des enfants en bas âge. Une situation qui provoque depuis des jours de vives tensions entre la France et l’Italie, qui a refusé que le bateau accoste sur son territoire, en dépit du risque que cela représentait pour les personnes à bord et au mépris des règles du droit international maritime.
« Attitude inacceptable »
Ce qui agace profondément du côté de Paris, où le gouvernement d’Élisabeth Borne ne mâche pas ses mots contre le gouvernement de Giorgia Meloni, issue de l’extrême droite italienne. Durant son annonce, Gérald Darmanin a dénoncé « l’attitude inacceptable » de Rome, et a multiplié les tacles à l’égard du pouvoir italien. « La France regrette très profondément que l’Italie ait pris le parti de ne pas se comporter en pays européen responsable. », a dénoncé le ministre français de l’Intérieur, prévenant que l’exécutif français « tirera aussi toutes les conséquences de l’attitude italienne sur les autres aspects de sa relation bilatérale ». Pour matérialiser le mécontentement français, Gérald Darmanin a évoqué un renforcement des contrôles à la frontière franco-italienne, ce qui « montrera malheureusement que nous pouvons aussi empêcher un certain nombre de passages ». Une manière de faire comprendre que la France peut répondre au chantage maritime par un chantage terrestre.
Suspendre (…) l’accueil
À ce sujet, Gérald Darmanin a d’ailleurs annoncé que la France a décidé de suspendre « à effet immédiat l’accueil prévu cet été de 3.500 réfugiés actuellement en Italie, en guise de protestation contre le refus de ce pays d’autoriser l’Ocean Viking à accoster sur ses côtes ». Car cela fait plusieurs jours que le torchon brûle entre Paris et Rome. Mardi 8 novembre, le gouvernement italien avait annoncé dans un communiqué que la France allait « ouvrir ses ports au navire Ocean Viking ». Une initiative pour laquelle l’Italie remerciait la France, alors que Paris n’avait rien annoncé en ce sens. D’où cette impression côté de français de se faire tordre le bras, ce qui explique la fermeté des propos tenus ce jeudi par Gérald Darmanin. Des mots offensifs qui ont forcément reçu l’aval du président français, Emmanuel Macron.
Le précédent de l’Aquarius
Ce n’est pas la première fois que l’Italie et la France s’opposent frontalement sur le sujet des navires qui viennent en aide aux migrants à la dérive. Rappelons qu’en juin 2018, Emmanuel Macron avait dénoncé « le cynisme et l’irresponsabilité » de l’Italie, cette fois au sujet de l’Aquarius, un navire refoulé des côtes italiennes avec 600 personnes à son bord. Des tensions qui avaient conduit le pouvoir italien à convoquer l’ambassadeur français à Rome, le ministère des affaires étrangères local jugeant « surprenantes » les déclarations de Paris sur le sujet. « Le ton employé est injustifiable. », avait expliqué dans un communiqué le gouvernement italien, composé à l’époque d’une alliance entre le mouvement populiste Cinq étoiles et l’extrême droite de Matteo Salvini. Ce dernier, alors ministre de l’Intérieur, estimait même que la France devait des « excuses » à l’Italie.
Notons que l’ex-premier ministre italien attend toujours ces excuses des français, et le navire, à l’époque, avait finalement trouvé refuge en Espagne. Après les déclarations de Gérald Darmanin ce jeudi, l’Italie a donc (sans surprise) réagi au quart de tour. « La réaction de la France face à la requête d’accueillir 234 migrants, quand l’Italie en a accueilli 90.000 seulement cette année, est totalement incompréhensible. », a dénoncé dans un communiqué le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Piantedosi. Reste à savoir si ce premier heurt de l’ère Macron/Meloni ira plus loin, et si cette situation sera amenée à se reproduire dans les mois et semaines à venir. Au péril de l’unité européenne sur le sujet et, surtout, de la vie des premiers concernés.
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