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Algérie – France : « Pas à demander pardon » pour la colonisation, soutient Emmanuel Macron

Photo : Le président français, Emmanuel Macron, lors d’une cérémonie pour les vétérans de la guerre en Algérie, à Paris, le mardi 18 octobre 2022


Pas d’excuses. Dans une interview, le président français, Emmanuel Macron, a estimé qu’il n’avait « pas à demander pardon » à l’Algérie pour la colonisation. Il a par ailleurs dit espérer accueillir son homologue Abdelmajid Tebboune en France en 2023 pour poursuivre le travail de mémoire et de réconciliation entre les deux pays. « Je n’ai pas à demander pardon. », a déclaré Emmanuel Macron. « Ce n’est pas le sujet, le mot romprait tous les liens. », explique le dirigeant français dans un long entretien avec l’écrivain algérien Kamel Daoud à l’hebdomadaire français Le Point publié dans la soirée d’hier, mercredi 11 janvier. « Le pire serait de conclure : ’On s’excuse et chacun reprend son chemin’. », juge-t-il. « Là, la fausse réponse est aussi violente que le déni. Parce que, dans ce cas, ce n’est pas la vraie reconnaissance. C’est le solde de tout compte. », arguant-il, soulignant que « le seul pardon collectif qu’[il a] demandé, c’est aux harkis ».

« Il est très important de ne pas cacher ce qui a été vécu. »

Emmanuel Macron

La question des excuses est au cœur de la relation bilatérale et des tensions récurrentes entre Alger et Paris. En 2020, l’Algérie avait fraîchement accueilli un rapport de l’historien français Benjamin Stora préconisant une série de gestes pour tenter de réconcilier les deux pays, tout en excluant « repentance » et « excuses ». « Le travail de mémoire et d’histoire n’est pas un solde de tout compte. », poursuit Emmanuel Macron. « C’est, bien au contraire, soutenir que dedans il y a de l’inqualifiable, de l’incompris, de l’indécidable peut-être, de l’impardonnable. », souligne le locataire de l’Élysée, défendant la création d’une commission d’historiens « car il faut quand même des faits, de l’objectivité sur ce passé ». « Pour moi, il est très important de ne pas cacher ce qui a été, ce qui a été vécu. Il y a nécessité d’accéder à une nouvelle étape et de concilier ces récits divergents avec l’histoire contemporaine, immédiate. Je me dois de rappeler encore que, du côté français, la guerre d’Algérie est devenue la matrice de tous les ressentiments postcoloniaux à l’égard de la France. », a aussi reconnu le président français.

Poursuivre « un travail d’amitié inédit

Pour le jeune président de l’histoire de la France, réélu en Avril dernier, c’est parce que la guerre d’Algérie fait encore figure de « traumatisme » que « parler de l’Algérie est nécessaire ». « [Ce travail] est vital pour la France, pour la relation bilatérale, pour la relation avec le continent africain. (…) L’avenir, c’est revisiter autrement ce passé en commun. Ce fut l’un de mes messages durant mon dernier voyage en Algérie, en août 2022. », poursuit-il, espérant voir le président algérien en France cette année. « J’espère d’ailleurs que le président Tebboune pourra venir en 2023 en France. », relève également Emmanuel Macron, afin de poursuivre « un travail d’amitié (..) inédit » après la visite que lui-même a effectuée en Algérie en août 2022.

« Je crois que cela fera sens dans l’histoire du peuple algérien. Pour le peuple français, ce sera l’occasion de comprendre des réalités souvent cachées. »

Emmanuel Macron

Interrogé sur la possibilité d’une cérémonie de recueillement du président algérien sur les sépultures des membres de la suite d’Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française, enterrés à Amboise, il a estimé que ce serait « un très beau et très fort moment » et qu’il le « souhaitait ». « Je crois que cela fera sens dans l’histoire du peuple algérien. Pour le peuple français, ce sera l’occasion de comprendre des réalités souvent cachées. », dit-il encore. AbdelKader (1808-1883) a été détenu à Amboise avec plusieurs membres de sa famille de 1848 à 1852. Emmanuel Macron appelle par ailleurs à « l’apaisement » des tensions entre l’Algérie et le Maroc, les deux puissances rivales dans la région. Il dit ne pas croire à une guerre entre ces voisins, tout en relevant « la spéculation chez les uns, le fantasme chez les autres et même la volonté de guerre chez certains ». Il est à rappeler que l’Algérie a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc en août 2021, accusant Rabat d’« actes hostiles ». Une décision « complètement injustifiée », selon Rabat.

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