« Aller chercher encore plus de grévistes ». Avant la journée nationale du mardi 31 janvier prochain contre la réforme des retraites portée par le gouvernement d’Élisabeth Borne, la CGT appelle à reprendre la grève dès ce jour, jeudi 26 et demain, vendredi 27 janvier dans les raffineries, les centrales électriques mais également les ports et les docks. La réforme du président français, Emmanuel Macron, à laquelle s’opposent tous les syndicats et qui arrivera au Parlement lundi, conduirait à la suppression des régimes spéciaux chez EDF ou Engie (ex-GDF Suez). Leurs salariés seraient par exemple eux aussi contraints, à terme, d’attendre 64 ans pour toucher leur retraite. Le mardi prochain, à l’appel de tous les syndicats, la grève touchera tous les secteurs : écoles, fonctionnaires, transports, services… Mais dans l’énergie, la CGT veut montrer ses muscles, et organise des grèves supplémentaires.
Pas de coupure de courant généralisée
Chez les électriciens et gaziers, des baisses de production dans les centrales nucléaires et les barrages sont à prévoir dès jeudi, prévient Fabrice Coudour, secrétaire fédérale de la FNME-CGT, mais elles ne devraient pas provoquer de coupures de courant pour le grand public, tant elles sont encadrées par le gestionnaire des lignes à haute et très haute tension RTE. « La CGT souhaite aller chercher encore plus de grévistes pour le 31 et montrer qu’on maîtrise l’outil de travail. », explique Fabrice Coudour. « Malgré la présence de nombreux grévistes, il n’y a pas eu beaucoup de baisses de production cette nuit. », a d’ailleurs indiqué ce dernier jeudi, faisant état de messages de sûreté de réseau « dès la fin de journée mercredi ». RTE, chargée d’assurer la sécurité de l’approvisionnement en électricité, peut en effet envoyer des messages de sûreté aux grévistes si elle estime que les baisses de production compromettent le fonctionnement du réseau. À charge ensuite pour les salariés de les respecter.
Filtrage à l’entrée des centrales nucléaires
« On s’interroge sur la véracité de ces messages. », a indiqué le responsable syndical, compte tenu de leur publication juste avant la grève. « Si ce sont des messages pour garantir des échanges commerciaux, les assemblées de grévistes se demanderont si elles doivent les respecter ou pas. », a-t-il ajouté. En tout début de journée, les grévistes menaient des opérations de filtrage à l’entrée des centrales nucléaires, retardant le démarrage du travail pour les équipes de jour. Chez TotalEnergies, la CGT faisait état jeudi matin de 100% de grévistes au dépôt de Flandres (Nord), mobilisés depuis mercredi soir, 80% à la raffinerie de Normandie, 60% à la bio-raffinerie de La Mède (Bouches-du-Rhône), 50% à la raffinerie de Donges (Loire-Atlantique) et 30% sur le site de Grandpuits (Seine-et-Marne). Au menu de ces deux jours de mobilisation, également des actions « positives », à la Robin des bois : gratuité, réductions de tarifs, passage en heures réduites et rétablissements du courant pour les ménages coupés sont à prévoir, afin de contrebalancer les reproches adressés après l’annonce de « coupures ciblées », notamment contre des élus favorables à la réforme.
Pourtant dès hier, mercredi, des coupures ont eu lieu sur des parcs éoliens et solaires dans le secteur de Montluçon, revendiquées par la CGT. Comme à chaque fois, Enedis va porter plainte. « Nous ne souhaitons (pas de) blocages qui seraient pénalisants pour l’ensemble des Français et nous n’acceptons aucune menace. », a d’ailleurs déclaré ce mercredi, le ministre français du Travail, Olivier Dussopt, devant le Sénat, en parlant de « délit » plus que d’« action politique ou militante ». « La CGT pétrole souhaite néanmoins un mouvement un petit peu plus dur. », a indiqué Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe. « Moi je n’aime pas le terme bloquer, mais nous pensons qu’il faut une généralisation de la grève pour toucher l’économie. », a-t-il ajouté, voyant là la seule manière de faire « reculer le gouvernement », contrairement à des mouvements de 24 heures espacés dans le temps. Dans les raffineries, l’arrêt des installations n’est pas à l’ordre du jour, mais, comme lors de la grève du jeudi 19 janvier, les expéditions de carburants seront bloquées vers les dépôts, avec le mot d’ordre habituel : « rien ne rentre, rien ne sort ».
Des actions pré-grève du 31 janvier
Les pétroliers prévoient également des actions locales avec les salariés des infrastructures portuaires, avec lesquels des manifestations communes pourraient être organisées. La fédération CGT des Ports et Docks a en effet appelé à une grève de 24 heures jeudi, lors de laquelle elle « appelle les ouvriers dockers et les travailleurs des ports à amplifier les modalités d’action ». Pour la suite, la CGT Pétrole évoque une nouvelle journée d’action qui collerait au 31 janvier, la veille ou le lendemain. « Cette dynamique dont on a besoin et que pour le moment l’intersyndicale ne propose pas, on est en train de la créer. », estime Thierry Defresne, qui espère que les salariés suivront cette impulsion.
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