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France – Maroc – États-Unis : 22 ans, risque 116 ans de prison, Sébastien Raoult extradé par Rabat à Washington, pourquoi ?

Photo : Le jeune français, Sébastien Raoult


Il a atterri sur le sol américain. Sébastien Raoult, incarcéré au Maroc depuis plus de sept mois a été extradé, mercredi 25 janvier, vers New York, a annoncé son avocat Me Philippe Ohayon. Il a atterri vers minuit heure béninoise à l’aéroport John F. Kennedy (JFK), ce jeudi 26 janvier. Pour y voir plus clair dans ce feuilleton judiciaire, entre la France, le Maroc et les États-Unis, qui dure déjà depuis plusieurs mois.

Qui est Sébastien Raoult ?

D’abord, « Sébastien Raoult, un jeune français, qui habitait chez ses parents à Epinal, dans le Nord-ouest de la France, était en deuxième année d’études d’informatique lorsqu’il a arrêté sa formation en décembre 2021. », a raconté sa famille dans les médias. « Il était dans une phase de rupture avec les études. Il avait envie de vivre, de découvrir le monde et de voyager et avait l’impression de perdre son temps à l’école. », a expliqué son père Paul Raoult. C’est donc au Maroc qu’il s’est rendu, puis qu’il a été arrêté en mai 2022.

De quoi est-il soupçonné ?

Le français est soupçonné par le Federal Bureau of Investigation, en français Bureau Fédéral d’Enquête (FBI), d’être membre des ShinyHunters. Ce groupe de hackers, nommés en référence à l’univers des Pokémon, est accusé de réunir « des cybercriminels prolifiques » par les autorités américaines. Ils sont soupçonnés d’avoir volé, puis d’avoir revendu, les données parfois secrètes de dizaines entreprises, pour un montant estimé par la justice américaine à plusieurs millions de dollars, résume le journal français Le Monde. Ils s’appuyaient pour cela notamment sur des détournements de la plateforme Github, très utilisée par les développeurs du monde entier. Faisant l’objet d’une notice rouge émise par Interpol à la demande de la justice américaine, Sébastien Raoult a été arrêté le 31 mai dernier, à l’aéroport de Rabat-Salé, au moment de prendre un vol retour vers la France. « Il nie fermement les faits et affirme que ses comptes ont été utilisés à son insu. », assure son père.

« Complot en vue de commettre fraude et abus électronique », (…) et « vol d’identité grave »

Les enquêteurs américains assurent, de leur côté, que Sébastien Raoult a eu en ligne des échanges compromettants démontrant sa responsabilité dans les actions des ShinyHunters, et que son compte GitHub a notamment servi à tester des dispositifs d’hameçonnages (phishing) pour piéger des développeurs salariés d’enteprises dont les données ont été volées. Après son incarcération à la prison de Tiflet 2, près de Rabat, la capitale marocaine, les États-Unis ont réclamé son extradition pour des faits de « complot en vue de commettre fraude et abus électronique », « fraude électronique » et « vol d’identité grave ». La Cour de cassation du Maroc avait émis en août dernier, un « avis favorable » à l’extradition du jeune français. La décision finale de son transfèrement a été prise par le Premier Ministre marocain fin décembre 2022. Le Maroc avait ensuite 30 jours pour renvoyer le jeune homme d’à peine 22 ans vers les États-Unis.

Que risque-t-il ?

D’après son avocat, Me Philippe Ohayon, Sébastien Raoult risquerait une peine de 116 ans de prison aux États-Unis pour les faits qui lui sont imputés. Pour éviter une telle sentence, son père, Paul Raoult, a tout tenté. Il a appelé à l’aide le ministre français de la Justice, Éric Dupond-Moretti, puis a adressé une lettre au président de la République française, Emmanuel Macron. Mais toutes ses démarches sont restées sans succès. « Mon fils a été trahi par la France. », a-t-il accusé dans un entretien en août dernier. Son avocat, Me Philippe Ohayon, a également saisi fin décembre le Comité contre la torture de l’ONU, mais cette instance a refusé d’enregistrer sa demande. Il a saisi depuis le Comité des droits de l’homme de l’ONU.

Que dit la France ?

En août 2022, après l’appel émis par le père de Sébastien Raoult, le garde des Sceaux français avait indiqué que la France n’avait « pas la possibilité, à ce stade, d’intervenir », car il s’agit d’une procédure concernant le Maroc et les États-Unis. Il a toutefois assuré que le ministère des Affaires Étrangères était « évidemment mobilisé sur cette question », s’agissant d’un ressortissant français. Des propos répétés au Quai d’Orsay, ce mercredi 25 janvier. Interrogée par la presse française, la porte-parole Anne-Claire Legendre a affirmé que « le calendrier de l’extradition de M. Sébastien Raoult relève des relations souveraines entre le Maroc et les États-Unis ». Les ministres ne se sont pour l’heure pas exprimés. Par ailleurs, le ministère français des Affaires Étrangères avait indiqué fin décembre passé, que le français avait reçu « cinq visites consulaires depuis son incarcération qui ont permis de s’assurer de ses conditions de détention, de son état de santé et du respect des droits de la défense ».

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