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France :  Circovirus HCirV-1 découvert chez une patiente, que sait-on de ce virus inconnu ?

Photo : Un foie


Un virus inconnu a été identifié chez une française de 61 ans. Ceci n’est pas le début d’un film de science-fiction, mais la découverte de plusieurs chercheurs français provenant de l’Institut Pasteur, de l’hôpital Necker-Enfants malades AP-HP,  de l’institut Imagine de l’Inserm, de l’Université Paris-Cité et de l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA). Une découverte dont les résultats ont été publiés dans la revue Emerging Infectious Diseases, le mardi 3 janvier 2023. Provisoirement baptisé Human Circovirus 1 (HCirV-1), ce virus jusque-là jamais rencontré appartient à la famille des circovirus. Il s’agit de petits virus à ADN très résistants qui ont été identifiés dans les années 1970 chez différentes espèces animales. Des hôtes auxquels ils peuvent causer des problèmes respiratoires, rénaux, dermatologiques et reproductifs.

Des dommages au foie

Mais le HCirV-1 est un virus nouveau, différent des circovirus animaux déjà connus. D’abord parce qu’il est le premier circovius pathogène pour l’homme. Mais aussi parce que « si le passage des virus animaux vers les humains est régulièrement rapporté dans la littérature scientifique, il est rare qu’un virus nouveau soit identifié en Europe chez un patient. », souligne l’Institut Pasteur. La patiente de 61 ans atteinte de ce virus inconnu, était régulièrement suivie après une greffe de cœur et des poumons réalisée 17 ans plus tôt. Mais c’est la survenue chez elle, fin 2021, d’une hépatite chronique inexpliquée, qui a conduit les médecins à réaliser, en mars dernier, un séquençage génomique sur des échantillons des tissus malades. Cette méthode consiste à lire et à décrypter l’intégralité de l’ADN d’un individu, afin de repérer d’éventuelles variations pouvant expliquer une maladie.

« Human Circovirus 1 »

Et c’est donc en analysant ces tissus que les chercheurs ont découvert le « Human Circovirus 1 ». « L’implication du HCirV-1 dans l’hépatite a été démontrée grâce à l’analyse d’échantillons de la patiente prélevés au cours des années précédentes pour son suivi dans le cadre de ses greffes. Les résultats ont montré que le génome viral du HCirV-1 était indétectable dans les échantillons de sang de 2017 à 2019, puis que sa concentration atteint un pic en septembre 2021. », explique Marc Eloit, un des auteurs de l’étude, responsable du laboratoire Découverte de pathogènes à l’Institut Pasteur et professeur de virologie à l’École nationale vétérinaire d’Alfort (EnvA). Bien que la patiente n’ait eu que de légers symptômes, le virus inconnu a créé quelques dommages au foie. 

« Une fois que ce virus avait utilisé les ressources de la cellule hépatique pour se multiplier, il la détruisait. »

Marc Eloit

Les chercheurs estiment que 2 à 3% des cellules du foie étaient infectées. « Une fois que ce virus avait utilisé les ressources de la cellule hépatique pour se multiplier, il la détruisait. », précise Marc Eloit. Avant même de savoir ce qu’était ce virus, la patiente a été traitée et débarrassée de son hépatite en novembre 2021. « Après un traitement antiviral, les enzymes hépatiques sont revenues à un niveau normal chez la patiente, témoignant d’un arrêt de la cytolyse hépatique. », rassurent les scientifiques. Si l’origine du virus reste à identifier, « de même que la source de l’infection elle-même (contact, alimentation, etc.) », comme le rappelle l’Institut Pasteur, cette découverte a permis de développer un test PCR spécifique pour le diagnostic d’hépatite d’origine inconnue. Il est désormais réalisable par tout laboratoire hospitalier.

« Les cas d’hépatite aiguë rapportés chez des enfants au Royaume-Uni et en Irlande en avril dernier et signalés par l’OMS le rappellent. »

Institut Pasteur

D’autant plus que des nouveaux cas se présentent régulièrement. « Les cas d’hépatite aiguë rapportés chez des enfants au Royaume-Uni et en Irlande en avril dernier et signalés par l’OMS le rappellent. », souligne l’Institut. « Il est également essentiel d’avoir la capacité d’identifier un nouveau pathogène lorsqu’une infection est inexpliquée et de mettre au point un test diagnostic, car potentiellement tout nouveau cas d’infection par un pathogène émergent chez l’homme peut être témoin d’un début d’épidémie. », conclut Marc Eloit

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