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Equipe de France : Entre Corinne Diacre et les des Bleues, pas d’ambiance et que lui reprochent les joueuses ?

Photo : La capitaine des Bleues, Wendie Renard, et l’attaquantes, Kadidiatou Diani, la sélection des Bleues, Corinne Diacre (D)


Série noire pour l’Équipe de France féminine de football. Après la capitaine des Bleues, Wendie Renard, et les attaquantes, Kadidiatou Diani et Marie-Antoinette Katoto, vendredi 24 février, c’est au tour des défenseures de Lyon et de l’équipe de France féminine Griedge Mbock et Perle Morroni de se retirer de la sélection des Bleues, ce week-end. À quelques mois du Mondial, Perle Morroni a annoncé, ce samedi 25 février, sur Instagram, qu’elle mettait sa carrière à l’internationale entre parenthèses et explique, comme ses coéquipières, avoir « souffert b » du « système (de) management » de leur patronne, la sélectionneuse Corinne Diacre.

Après ces nouvelles défections, il convient de comprendre point par point ce que reprochent les Bleues à leur sélectionneuse.

Que disent les joueuses ?

Les membres de l’Équipe de France qui ont pris position reprochent à Corinne Diacre et au staff des Bleues un manque de résultats et de rigueur dans le système de management et ses « valeurs ». Vendredi, la capitaine Wendie Renard disait ne plus pouvoir « cautionner le système actuel bien loin des exigences requises par le plus haut niveau ». « Le cœur lourd », elle a indiqué se mettre en retrait pour « préserver sa santé mentale ». Après cette déclaration, Marie-Antoinette Katoto et Kadidiatou Diani se sont jointes à leur capitaine, évoquant l’une et l’autre le besoin « de changements profonds » et leur manque d’adéquation avec « le management de l’équipe de France et les valeurs transmises ». Un point de vue partagé par Perle Morroni, qui confie avoir elle aussi « souffert personnellement » de la situation.

« retours pesants et négatifs »

Il faut souligner que ce n’est pas la première fois que les méthodes de Corinne Diacre sont questionnées. Après la dernière Coupe du Monde, l’ex-cadre Gaëtane Thiney avait invité Diacre à « moderniser » son management tandis qu’en novembre 2020, la joueuse de l’OL, Amandine Henry, avait évoqué des « retours pesants et négatifs ». Auprès de L’Équipe, certaines joueuses confient avoir rarement le sourire à leur retour de sélection. D’après elles, le dernier Tournoi de France s’est également déroulé dans un climat pesant et un peu étrange, sans ligne directrice. Muette depuis vendredi, Corinne Diacre assurait elle par le passé que chaque stage que l’équipe de France était un plaisir et non une punition.

Des choix critiqués sur le terrain

Au fil des années, Corinne Diacre s’est attiré les foudres de ses joueuses pour ses choix stratégiques sur le terrain. Tout au long de son mandat, elle s’est montrée aussi imprévisible que catégorique dans ses choix, n’hésitant pas à écarter des cadres si ces dernières ne rentraient pas dans ses plans. Gaëtane Thiney, Eugénie Le Sommer, Amandine Henry ou encore Sarah Bouhaddi, personnalités historiques du maillot bleu, en ont fait les frais, tour à tour. Pour se justifier, Diacre a souvent avancé ses formules magiques habituelles : des « choix du moment » au profit de « l’équilibre entre jeunesse et expérience ».

Une « revue d’effectif »

Ses deux derniers adjoints n’ont pas fait long feu, eux non plus, et Diacre a finalement décidé… de se passer d’un N°2 : elle travaille avec un premier cercle composé d’un préparateur physique et d’un entraîneur des gardiennes. Ce staff resserré tranche avec les habitudes des internationales dans leurs clubs. Récemment, Wendie Renard avait estimé qu’il était compliqué de se lancer dans l’expérimentation d’un nouveau système tactique en raison du manque de « temps » en sélection. Une déclaration qui allait publiquement à l’encontre des choix de la sélectionneuse, qui assumait pour sa part une « revue d’effectif » et des « essais » multiples à quelques mois du Mondial. Ces derniers jours, Diani et Grace Geyoro, cadre au milieu de terrain, ont également insisté sur l’importance de trouver une « identité de jeu … ». Un vœu difficilement compatible avec la mise en place par Diacre d’un schéma innovant à trois défenseures centrales, à cinq mois seulement du Mondial.

Des listes déroutantes

Celle qui fut la première femme aux commandes d’un club professionnel français, à Clermont (Ligue 2) entre 2014 et 2017, est par ailleurs progressivement devenue une spécialiste des contrepieds, dans ses annonces de liste comme dans ses compositions d’équipe, souvent déroutantes. La convocation ces derniers jours de Kheira Hamraoui, en manque de temps de jeu au Paris Saint-Germain et en froid avec Diani et Katoto, en est le dernier exemple. Sur ce retour en début de rassemblement, Diani s’était abstenue de tout commentaire « pour éviter d’être vulgaire ». De plus, sa décision de laisser de côté l’attaquante Marie-Antoinette Katoto pour le Mondial 2019, alors qu’elle était la meilleure buteuse de D1, n’a jamais été digérée par la joueuse, en plus d’être largement questionné. Perle Moronni, elle, n’a pas été convoquée depuis le mois d’avril 2022 par la sélectionneuse Corinne Diacre. Ces derniers jours, elle n’a pas été appelée pour le rassemblement de février malgré l’absence sur blessure des deux titulaires à son poste, Sakina Karchaoui et Selma Bacha. Diacre a préféré convoquer Estelle Cascarino, défenseure centrale.

Une absence criante de résultats

Si de nombreuses voix mettent en doute la prolongation de Corinne Diacre à son poste jusqu’en 2024, c’est également parce qu’elle n’a pas été en mesure de présenter des résultats probants. Rarement inquiétée contre des nations de second rang, la France peine face aux cadors mondiaux et n’a jamais touché du doigt le premier titre international qu’elle rêve de décrocher avec sa talentueuse génération. Les États-Unis au Mondial-2019, puis l’Allemagne à l’Euro-2022 ont ainsi logiquement barré la route des Tricolores. Cette saison, les prestations furent encore plus inquiétantes, à l’image des rassemblements d’octobre (défaites en Allemagne et en Suède) et de février (victoire poussive 1-0 contre le Danemark, nul 0-0 contre la Norvège).

La gouvernance de la FFF remise en question

Plus globalement, c’est l’ensemble de la gestion du football féminin par la Fédération française de football (FFF) qui est remise en question par les joueuses. Le président mis en retrait de la Fédération Noël Le Graët, lui-même mis en cause pour des affaires de harcèlement sexuel et un management erratique, a prolongé le mandat de Diacre jusqu’aux JO de Paris sans délai de réflexion et ce malgré son absence de résultats. L’actualité récente pourrait toutefois faire changer les choses. Si la FFF, qui abordera la question à l’occasion d’un comité exécutif le 28 février prochain, a fait savoir dans un communiqué lacunaire « qu’aucune individualité n’était au-dessus de l’institution Équipe de France », il est compliqué d’imaginer que les Bleues se présenteront au Mondial dans cinq mois sans Wendie Renard. Avec la mise en retrait de Noël Le Graët, mais aussi de sa numéro 2 Florence Hardouin, Corinne Diacre va donc devoir faire face, plus seule que jamais.

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