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Canada : Lever le majeur est un « droit divin » selon un juge

Photo : Illustration (A. MARTIN UW PHOTOGRAPHY / GETTY IMAGES)


Dans la Belle Province, le doigt d’honneur, c’est sacré. Alors qu’en France, la classe politique s’étrangle sur les bras d’honneur lancés par le ministre français de la Justice, Éric Dupond-Moretti, à l’Assemblée nationale, au Canada, un juge québécois avait, il y a peu, remis les points sur les i. Oui, il est possible de « flip the bird » littéralement « faire un doigt d’honneur », à quelqu’un sans se faire condamner, et il s’agit même d’un « droit divin », a estimé ce juge lors d’un procès fin février dernier, à propos d’un contentieux entre voisins. Tout est partie d’une brouille (une « chicane » comme disent les québécois) entre deux familles voisines de la banlieue Ouest de Montréal, la capitale canadienne. « Les Naccache reprochent aux Epstein de laisser jouer leurs deux fillettes dans leur rue commune et de provoquer des nuisances sonores. », rapporte La Presse.

Gratifiés de doigts d’honneur

La situation s’envenime rapidement et les premiers, agacés par les deux jeunes enfants, se mettent à conduire dangereusement autour des deux petites filles, sans ralentir, ou en passant très près d’eux, écrit le juge Dennis Galiatsatos dans son compte rendu d’audience à la Cour du Québec. Exaspérés, les Epstein auraient alors menacé les Naccache, qu’ils ont ensuite gratifiés de doigts d’honneur. À force de plaintes, et sur la base d’une supposée « menace de mort », la famille Naccache a réussi à porter l’affaire devant le tribunal. Mais l’audience ne s’est pas déroulée comme prévu, puisque le juge Denis Galiatsatos, exaspéré par « l’absurdité » du dossier, n’a pas cru aux menaces niées en bloc par les Epstein et a même sacralisé leur droit d’offenser leurs voisins, ainsi que leur usage du doigt d’honneur.

Un droit divin, enchâssé par les Chartes

« Pour être clair au possible, ce n’est pas un crime de faire un doigt d’honneur. Lever le majeur est un droit divin, enchâssé par les Chartes (des droits et des libertés, NDLR), qui appartient à tous les Canadiens au sang chaud. », écrit le juge dans son compte rendu du vendredi 24 février dernier. Et de poursuivre : « Ce n’est peut-être pas civil ni poli ou galant. Mais peu importe, ça n’entraîne pas une responsabilité criminelle. Offenser quelqu’un n’est pas un crime […] Les citoyens doivent être moins sensibles, surtout lorsqu’ils se comportent de manière à entraîner pareille injure ; par exemple conduire trop vite dans une rue où jouent des enfants innocents ». Jugeant finalement que les Epstein n’avaient rien à se reprocher et qu’ils étaient dans leurs droits en laissant leurs filles s’amuser dans leur allée privée, le juge Denis Galiatsatos a décidé d’abandonner toute poursuite à leur encontre.

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