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Guerre en Ukraine : La Pologne et la Slovaquie livrent 17 avions MiG-29 si vite à Kiev, voici pourquoi

Photo : Des avions MiG-29 au cours d’un exercice de l’OTAN au-dessus de la Pologne, en octobre 2022 (RADOSLAW JOZWIAK / AFP)


En deux jours, l’Ukraine a obtenu la livraison de 17 avions de chasse soviétiques de type Mig-29. La Slovaquie et la Pologne fourniront les appareils à Kiev. « Parer au plus pressé ». Voici l’idée directrice derrière l’obtention par l’Ukraine de 17 MiG-29, actée ces derniers jours. Car après la Pologne, ce jeudi 16 mars, c’est un autre État membre de l’OTAN, la Slovaquie, qui a annoncé, ce vendredi 17 mars, fournir plusieurs de ces avions de chasse de conception soviétique à Kiev. Pourtant, depuis le début de l’invasion russe, fin février 2022, les Occidentaux s’étaient toujours montrés réticents à l’idée d’envoyer des avions de combat (re)gonfler les moyens dont l’Ukraine dispose pour se défendre. Car tous craignent d’être considérés comme des belligérants par Moscou. Sauf qu’à l’image de ce qui se passe avec les canons Caesar français ou les chars Leopard allemands, cette doctrine évolue.

« Le gouvernement slovaque vient d’approuver l’envoi de 13 MiG-29 à l’Ukraine. Les promesses sont faites pour être tenues, et quand Volodymyr Zelensky a demandé davantage d’armes, et en particulier des avions de combat, j’ai assuré que nous ferions de notre mieux. Je suis ravi que d’autres fassent la même chose que nous : fournir une aide militaire à l’Ukraine pour s’assurer qu’elle puisse se défendre elle-même, comme l’Europe tout entière, contre la Russie. », a justifié le Premier ministre slovaque, Eduard Heger. Ainsi, quatre MiG-29 polonais et 13 slovaques vont être fournis dans les jours qui viennent aux troupes de Kiev. Un choix d’appareils qui n’a rien d’anodin.

Prise en main évidente

En effet, les MiG-29 (ou « Fulcrum » dans la nomenclature utilisée par les Occidentaux) disposent de nombreux avantages pour les Ukrainiens, et notamment celui d’être déjà bien connus des pilotes locaux. Depuis le début du conflit, l’armée ukrainienne utilise ces MiG (conçus dans les années 1970 et mis en service par l’URSS au début des années 1980) pour se défendre contre l’agression russe. Les nouveaux appareils pourront donc décoller immédiatement après réception. « C’est un souci de cohérence : parer au plus pressé pour assurer la défense aérienne du territoire, avec des appareils que les Ukrainiens connaissent déjà, résume un officier d’une armée de l’air européenne. C’est une solution prête à l’emploi, plus rapide que d’envoyer des appareils occidentaux ». En l’occurrence, les appareils slovaques ont été retirés de la circulation il y a déjà plusieurs mois par l’armée locale ; ils sont donc disponibles et prêts à l’emploi. Ce qui ne serait pas le cas des appareils que d’autres pays occidentaux pourraient fournir; il faudrait en effet former les pilotes ukrainiens, ce qui requiert des mois y compris pour des pilotes déjà expérimentés. De plus, en obtenant ces appareils qu’elle maîtrise et qui ont été portés à des standards élevés pour correspondre aux normes de l’OTAN, l’armée ukrainienne va pouvoir remplacer des avions détruits au combat depuis un an, et proposer une alternative à ceux qui volent sans arrêt. 

« Nous avons besoin de F-16 »

Néanmoins, le fonctionnement même des Fulcrum va limiter l’impact sur le déroulement du conflit en Ukraine. Le Directeur académique de la Fondation méditerranéenne d’études stratégiques, Pierre Razoux explique pourquoi : « C’est un chasseur qui a les pattes courtes, avec un rayon d’action limité. S’il est lourdement armé, il faudrait qu’il soit posté dans le centre de l’Ukraine pour pouvoir frapper dans le Donbass, donc dans un milieu assez vulnérable ». En clair, les MiG-29 donnés par la Pologne et la Slovaquie vont principalement être utilisés dans un rôle défensif, au-dessus des grandes villes ciblées par les forces du Kremlin. Ils devraient notamment servir à intercepter les frappes russes aux abords de Kiev, Kherson ou Odessa, soit relativement loin du front principal, à l’Est. C’est d’ailleurs ce qu’expliquait, dans les premiers jours du conflit, en mars 2022, le secrétaire à la Défense américain, Lloyd Austin, qui déclarait alors que « le gain d’un transfert de MiG-29 serait faible ».

« Les MiG ne résoudront pas les problèmes, nous avons besoin de F-16. Mais les MiG contribueront à renforcer nos capacités. »

Yuriy Ignat

Pour contre-attaquer, il faudrait en revanche d’autres appareils, des chasseurs-bombardiers, et notamment les F-16 américains que le chef de l’État ukrainien ne cesse de réclamer à ses alliés occidentaux. Une éventualité que les États-Unis excluent, alors même que ces appareils, répète Kiev, permettraient d’appuyer la contre-offensive ukrainienne au sol, notamment dans le Donbass. C’est la raison pour laquelle les autorités ukrainiennes ont réitéré leur souhait dès l’annonce polonaise de la livraison de MiG-29. « Les MiG ne résoudront pas les problèmes, nous avons besoin de F-16. Mais les MiG contribueront à renforcer nos capacités. », a déclaré à ce propos, Yuriy Ignat, le porte-parole de l’armée de l’air ukrainienne. Et il pourrait bien être entendu puisque les Pays-Bas ont récemment fait savoir qu’ils n’écartaient pas l’idée de livrer des F-16 à l’Ukraine, pendant que la France pourrait éventuellement fournir certains des 13 Mirage 2000 récemment retirés du service. Une aide qui, dans la situation de l’Ukraine, serait évidemment bienvenue.

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