La Chine a simulé, ce dimanche 9 avril, des bombardements ciblés contre Taïwan, au deuxième jour d’un exercice « d’encerclement total » programmé jusqu’à, ce jour, lundi 10 avril, et présenté par Pékin comme un « sérieux avertissement » à l’île. Baptisée « Joint Sword », l’opération a été dénoncée par Taïwan et les États-Unis ont appelé Pékin à la « retenue », assurant garder « ouverts » leurs canaux de communication avec la Chine. Dans un entretien réalisé avant les manoeuvres et publié, hier, dimanche, le président français, Emmanuel Macron, a souligné la nécessité de ne pas « entrer dans une logique de bloc à bloc ». « L’Europe ne doit pas être suiviste des États-Unis ou de la Chine sur Taïwan. », a-t-il dit au quotidien économique français Les Echos.
Avions de chasse et lance-missiles
Les manœuvres chinoises ont été lancées après une rencontre, mercredi, en Californie de la présidente taïwanaise, Tsai Ing-wen, avec le président de la Chambre des représentants, Kevin McCarthy. « Elle visent à mesurer les capacités chinoises à prendre le contrôle de la mer, de l’espace aérien et de l’information (…) afin de créer une dissuasion et un encerclement total de Taïwan. », a affirmé, ce samedi, la télévision d’État chinoise. Le lendemain, dimanche, le ministère de la Défense taïwanais a indiqué avoir détecté 11 navires de guerre et 70 avions chinois autour de l’île, une armada globalement similaire à celle recensée samedi. Il a précisé que des avions de combat et des bombardiers figuraient parmi les appareils repérés par son « système de renseignement et de reconnaissance ». Également, hier, l’armée chinoise a simulé des « frappes de précision » contre des « cibles-clés sur l’île de Taïwan et dans les eaux environnantes », impliquant des dizaines d’avions et des troupes au sol, selon la télévision d’État qui ne manque pas de relayer en boucle les images. Des destroyers, des vedettes rapides lance-missiles, des avions de chasse, des ravitailleurs et des brouilleurs sont mobilisés pour les manœuvres chinoises.
Des exercices à tirs réels
La Chine considère Taïwan qui compte 23 millions d’habitants comme une province qu’elle n’a pas encore réussi à réunifier avec le reste de son territoire depuis la fin de la guerre civile chinoise en 1949. « Les manœuvres servent de sérieux avertissement contre la collusion entre les forces séparatistes recherchant +l’indépendance de Taïwan+ et les forces extérieures, ainsi que leurs activités provocatrices. », a averti un porte-parole de l’armée chinoise, Shi Yi. Washington a réitéré, samedi, son appel à « ne pas modifier le statu quo ». « Nous sommes confiants dans le fait que nous avons des ressources et des capacités suffisantes dans la région pour assurer la paix et la stabilité. », a assuré le Département d’État. Des exercices à tirs réels se tiendront, aujourd’hui, lundi, dans le détroit de Taïwan à proximité des côtes du Fujian (Est), la province qui fait face à l’île, selon les autorités maritimes chinoises locales.
L’armée chinoise sera prête…
Ces exercices, qui revêtent une dimension « opérationnelle », sont destinés à démontrer que l’armée chinoise sera prête, « si les provocations s’intensifient », à « régler une fois pour toutes la question de Taïwan », juge l’expert militaire, Song Zhongping. Il faut indiquer qu’aucune activité militaire accrue, n’a pas été constatée, ce dimanche, sur la côte Nord de Pingtan, près de là où doivent se dérouler les exercices à tirs réels. Samedi, la présidente Tsai Ing-wen a dénoncé l’« expansionnisme autoritaire » de la Chine et assuré que Taïwan « continuerait à travailler avec les États-Unis et d’autres pays (…) pour défendre les valeurs de liberté et de démocratie ». La Chine voit avec mécontentement le rapprochement ces dernières années entre les autorités taïwanaises et les États-Unis qui, malgré l’absence de relations officielles, fournissent à l’île un soutien militaire substantiel.
« Marquer des points politiquement »
Pour Pékin, ces exercices militaires sont « une nécessité » pour « marquer des points politiquement » auprès de la population chinoise, affirme James Char, expert de l’armée chinoise à l’Université de technologie de Nanyang à Singapour. Pour autant, une escalade de la même intensité que celle d’août 2022 semble a priori écartée, selon James Char. L’été dernier, la Chine avait engagé des manœuvres militaires sans précédent autour de Taïwan et tiré des missiles en réponse à une visite sur l’île de la démocrate Nancy Pelosi, alors présidente de la Chambre.
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