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Sénégal : Le report de la présidentielle (15 décembre prochain) fait éclater des tensions et une grande confusion

Photo : Des policiers sénégalais se tiennent en formation sur une route bloquée par des barricades enflammées lors de manifestations appelées par les partis d’opposition à Dakar, le 4 février (Seyllou / AFP)


De vives tensions à Dakar. Après que le président sénégalais en fin de mandat, Macky Sall, a annoncé, ce dimanche 4 février, avoir signé un décret ajournant la présidentielle du dimanche 25 février prochain, la colère s’est exprimée dans les rues du pays. Un tollé qui fait craindre une période de troubles dans un Sénégal réputé être un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest. C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée dans ce pays qui n’a jamais connu de coup d’État, une rareté sur le continent. Ce lundi 5 février, les manifestations ne faiblissent pas dans les rues de Dakar à l’appel de l’opposition, tandis que les députés ont commencé l’examen d’une loi pour tenter d’encadrer l’annonce présidentielle par des règles strictes. Voici un résumé de la situation politique au Sénégal :

  • Violents affrontements entre force de l’ordre et opposition

Une nuée de gaz lacrymogène s’est élevée ce lundi matin devant l’Assemblée nationale à Dakar. Les forces de sécurité ont lancé deux grenades pour faire partir un groupe de quelques dizaines de personnes qui refusaient d’obéir à leurs injonctions et qui se sont repliées plus loin en scandant « Macky Sall dictateur ».

Cette scène fait suite aux heurts qui ont éclaté dimanche dans la capitale, au cours desquels les gendarmes ont déclenché plusieurs grenades lacrymogènes contre des centaines d’hommes et de femmes de tous âges qui étaient venus manifester. Les gendarmes se sont ensuite déployés à pied ou en pick-up dans les quartiers adjacents, à la poursuite des manifestants en fuite. Ils ont alors essuyé des jets de pierres.

Parmi les nombreuses arrestations recensées, l’opposante et ancienne Première ministre, Aminata Touré, farouche adversaire de l’ajournement, a été retenue lors d’un de ces rassemblements, a indiqué le député d’opposition Guy Marius Sagna. Un autre candidat, Daouda Ndiaye, a posté sur les réseaux sociaux un message où il assure avoir été « brutalisé » par les forces de l’ordre.

  • Internet coupé, la télévision suspendue

Les autorités sénégalaises ont suspendu dimanche le signal d’une télévision privée, coupable selon elles d’«incitation à la violence » à travers ses images sur les protestations contre le report de la présidentielle, a dit un responsable du ministère de la Communication.

L’accès à l’Internet mobile était coupé ce lundi matin dans plusieurs quartiers de Dakar lundi. Le gouvernement avait déjà suspendu l’accès en juin 2023, dans un contexte de crise politique. La mesure est devenue ailleurs un moyen de riposte courant pour endiguer la mobilisation et la communication via les réseaux sociaux.

  • L’Union Africaine appelle à la « concertation » et au « dialogue »

Face à ces événements, l’Union Africaine (UA) a appelé, ce lundi 5 février, les sénégalais à régler leur « différend politique par la concertation, l’entente et le dialogue ». Dans un communiqué publié sur X (ex-Twitter), le président de la Commission de l’Union Africaine, Moussa Faki, affirme avoir « appris le report des élections présidentielles en République du Sénégal avec préoccupation tant la situation politique dans ce pays où le modèle démocratique a toujours été salué avec haute appréciation ne saurait laisser aucun Africain indifférent ». En conséquence, Moussa Faki appelle « les autorités nationales compétentes à organiser dans les meilleurs délais les élections, dans la transparence, la paix et la concorde nationale ».

  • Projet de loi

Pour tenter d’éviter une dérive totalitaire, les députés ont commencé ce lundi l’examen d’une proposition de loi constitutionnelle déposée en urgence par les partisans de Karim Wade, figure de l’opposition et fils de l’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade, (2000-2012). Le texte propose de reporter la présidentielle de « six mois maximum ». L’approbation requiert une majorité des trois cinquièmes des 165 députés. Elle n’est pas acquise.

Le vote est prévu dans la journée a été effectué tard dans la soirée par 105 voix pour et une contre des députés présents à l’Assemblée nationale sénégalaise. L’adoption par les députés de BBY et de Wallu entérine le report de la présidentielle au 15 décembre prochain. À signaler que le vote s’est déroulé après que des députés de l’opposition ont été évacués manu militari du Parlement sénégalais.

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