Photo : Le président américain Joe Biden remercié par ses partisans
Joe Biden renonce finalement à sa candidature à l’élection présidentielle américaine. De plus en plus pressé au sein de son propre camp de retirer sa candidature à l’élection présidentielle du mardi 5 novembre prochain, le président américain sortant a fini par le faire ce dimanche 21 juillet. Son annonce a pris la forme d’un long communiqué publié sur ses réseaux sociaux, dans lequel il annonce se retirer « dans l’intérêt du pays ». « Je pense qu’il est dans l’intérêt de mon parti et du pays que je me retire et que je me concentre uniquement sur l’exercice de mes fonctions de président jusqu’à la fin de mon mandat. », a déclaré le démocrate de 81 ans, annonçant qu’il s’exprimerait à la nation « plus tard cette semaine ».
— Joe Biden (@JoeBiden) July 21, 2024
Face à lui dans la course présidentielle, son prédécesseur Donald Trump n’a pas manqué l’occasion de critiquer son rival. « Joe l’escroc n’était pas apte à être candidat et il n’est certainement pas apte à exercer ses fonctions. », a affirmé sur son réseau Truth Social le candidat républicain, tout juste auréolé de son succès à la convention républicaine. Joe Biden rejoint ainsi le club très restreint des présidents américains sortants ayant jeté l’éponge alors qu’ils briguaient un second mandat. Mais il est le premier à le faire aussi tard dans la campagne. Le seul, aussi, à devoir abandonner en raison d’interrogations sur son acuité mentale. Cette annonce choc, même si elle était attendue malgré les dénégations répétées du principal intéressé, bouleverse une campagne qui a déjà connu de nombreux rebondissements, au premier rang desquels la tentative d’assassinat contre Donald Trump le samedi 13 juillet.
Un choix naturel
Il faut maintenant trouver un ou une remplaçante à Joe Biden, qui était censé être intronisé lors de la convention de son parti, mi-août prochain à Chicago. Sa vice-présidente Kamala Harris serait un choix naturel, mais pas automatique, pour devenir la candidate des démocrates. Peu après son annonce de retrait ce dimanche, Joe Biden a déclaré soutenir sa candidature, tout comme l’ancien président Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton. « Aujourd’hui, je souhaite offrir mon soutien total et mon appui à Kamala pour qu’elle soit la candidate de notre parti cette année. », a écrit Joe Biden sur X.
My fellow Democrats, I have decided not to accept the nomination and to focus all my energies on my duties as President for the remainder of my term. My very first decision as the party nominee in 2020 was to pick Kamala Harris as my Vice President. And it’s been the best… pic.twitter.com/x8DnvuImJV
— Joe Biden (@JoeBiden) July 21, 2024
Statement from President Clinton and Secretary Clinton pic.twitter.com/R7tYMFWbsu
— Bill Clinton (@BillClinton) July 21, 2024
Kamala Harris veut « remporter l’investiture »
Kamala Harris, qui loue l’«acte désintéressé et patriotique » de Joe Biden, compte désormais « remporter l’investiture » démocrate et « battre Trump », a-t-elle fait savoir dans un communiqué. Le dernier mot revient désormais aux délégués du Parti démocrate, 3 900 personnes au profil très varié et pour la plupart complètement inconnues du grand public. Le processus de sélection du candidat qui remplacera Joe Biden sera « transparent et discipliné », a assuré le chef du Parti démocrate, Jaime Harrison. L’annonce de Joe Biden a suscité de nombreuses réactions dans son camp, à commencer par l’ancienne présidente de la Chambre américaine des représentants Nancy Pelosi qui l’a salué comme « l’un des présidents les plus importants de l’histoire américaine ».
President Joe Biden is a patriotic American who has always put our country first. His legacy of vision, values and leadership make him one of the most consequential Presidents in American history.
With love and gratitude to President Biden for always believing in the promise of…
— Nancy Pelosi (@SpeakerPelosi) July 21, 2024
« Je sais qu’il ne prendrait pas cette décision s’il n’était pas convaincu que c’était la bonne pour l’Amérique. », a lui écrit Barack Obama dans un communiqué. « Nous allons naviguer en terrain inconnu dans les jours à venir. Mais j’ai une confiance extraordinaire dans le fait que les dirigeants de notre parti seront en mesure de créer un processus qui permettra l’émergence d’un candidat exceptionnel. », a-t-il déclaré, sans toutefois mentionner le nom de Kamala Harris. « Sa décision n’a évidemment pas été facile à prendre, mais il a une fois de plus fait passer son pays, son parti et notre avenir en premier. », a de son côté souligné le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer. « Joe, cette journée montre que tu es un grand patriote ». Côté républicain, le son de cloche est bien différent. « Si Joe Biden n’est pas apte à se présenter à l’élection présidentielle, il n’est pas apte à exercer la fonction de président. Il doit démissionner immédiatement. », a ainsi tonné le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson.
Débat calamiteux et Covid-19
C’est la performance calamiteuse de Joe Biden lors de son débat le jeudi 27 juin dernier avec Donald Trump qui a précipité les événements. Ce jour-là, dès les premières secondes de la joute verbale qu’il avait pourtant lui-même réclamée, c’est un Biden très affaibli qui est apparu devant les écrans de ses partisans consternés. Avec un chat dans la gorge l’obligeant à toussoter souvent, il s’est plus d’une fois emmêlé les pinceaux, ne parvenant parfois pas à finir ses phrases. Un spectacle douloureux qui a fait exploser au grand jour les doutes sur son âge, sur lesquels ses proches avaient tenté de maintenir un couvercle. Qui allait être le premier à dégainer pour lui demander d’arrêter là ? La petite musique est rapidement montée, partant d’élus démocrates relativement peu connus jusqu’à atteindre des poids lourds du parti.
Amplifier la nervosité de son camp
L’un après l’autre, de grands noms, effrayés par les sondages le donnant perdant et craignant une victoire écrasante de Donald Trump, l’ont lâché, pour la plupart d’abord en privé. Les médias américains, citant des sources anonymes, ont ainsi affirmé que l’ex-président Barack Obama, l’ancienne présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi et les leaders démocrates au Congrès Chuck Schumer et Hakeem Jeffries avaient fait part de leur inquiétude. Et les images d’un Joe Biden testé positif au Covid-19, peinant à descendre la passerelle de son avion, n’ont fait qu’amplifier la nervosité de son camp. Pendant ce temps, Donald Trump, qui a miraculeusement échappé à des tirs pendant un meeting de campagne, semblait, lui, vivre un état de grâce, avec des victoires judiciaires et une consécration lors de la convention du Parti républicain à Milwaukee.
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