Photo : Les ministres, les diplomates et les acteurs de la société civile en famille, à Kigali, ce jeudi 20 novembre
La 46ᵉ Conférence Ministérielle de la Francophonie (CMF-46) a pris fin. Tenue du mercredi 19 au jeudi 20 novembre, à Kigali, elle a mis l’égalité de genre et l’autonomisation des femmes au cœur de ses débats. Placée sous le thème « 30 ans après la Conférence de Beijing : la contribution des femmes dans l’espace francophone », cette rencontre de haut niveau a réuni des ministres, des diplomates et des acteurs de la société civile venus des 90 États membres ou observateurs de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF).
Un bilan à la fois encourageant et exigeant
Trois décennies après la Quatrième Conférence mondiale sur les femmes, à Beijing, les participants de la CMF-46 ont dressé un double constat : des progrès notables, mais des défis persistants. Dans les interventions, plusieurs ministres ont souligné l’importance d’un passage des mots aux actes. Au rang de ceux-ci, le Sénégal, par la voix de son ministre de l’Intégration africaine, Cheikh Niang, a appelé à des « actions concrètes » contre les discriminations structurelles, rappelant les initiatives de Dakar en matière de parité et d’inclusions des femmes dans la vie politique et économique. De son côté, la Côte d’Ivoire, représentée par la ministre Françoise Remarck, a réaffirmé son engagement en faveur de l’égalité des genres, évoquant des réformes sur l’héritage, la lutte contre les violences et la représentation des femmes dans les institutions.
Les femmes, actrices incontournables du développement francophone
Au-delà du bilan, la Conférence a mis en lumière le rôle fondamental des femmes dans les domaines de la gouvernance, de la paix, de la diplomatie et du développement durable. Le vice-ministre des Affaires Étrangères d’Arménie, Robert Abisoghomonyan, a évoqué la réconciliation post-conflit et le leadership féminin dans les processus de paix, soulignant l’importance de l’éducation et du renforcement de capacités. L’Arménie a également salué l’apport du programme « La Francophonie avec Elles », lancé sous l’égide de la Secrétaire générale de l’OIF, Louise Mushikiwabo, et destiné à soutenir les femmes à travers la formation et l’autonomisation. Deux ONG arméniennes ont récemment rejoint ce programme.
L’ « Appel de Kigali » : un engagement renouvelé
À l’issue des travaux, les ministres ont adopté un document politique ambitieux, baptisé « Appel de Kigali ». Si les détails complets n’ont pas été entièrement divulgués, plusieurs intervenants estiment que ce texte pourrait être un levier fort pour renforcer les dispositifs d’égalité et mettre en œuvre des politiques inclusives au sein de l’OIF. La Secrétaire Générale, Louise Mushikiwabo, présidente de la Conférence, a plaidé pour une francophonie plus solidaire, où l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas seulement un idéal mais une action concrète. Selon elle, l’ « Appel de Kigali » doit servir de feuille de route pour les États membres dans les années à venir.
Une préparation au Sommet de 2026
La CMF-46 intervient à quelques mois du prochain Sommet de la Francophonie, prévu à l’automne 2026 au Cambodge. Les ministres ont profité de cette rencontre ministérielle pour poser les jalons d’une stratégie inclusive autour du genre. Dans un contexte où les défis de l’égalité sont encore nombreux (éducation, leadership, violences, participation politique) cette Conférence apparaît comme un moment charnière pour refocaliser les engagements de la Francophonie sur la contribution essentielle des femmes à l’édifice francophone.
L’ « Appel de Kigali », une feuille de route ambitieuse
La 46ᵉ Conférence Ministérielle de la Francophonie dans la capitale rwandaise n’était pas seulement un exercice diplomatique : c’était une invitation à l’action. Trente ans après Beijing, la Francophonie réaffirme que la question des femmes ne peut plus être traitée en marge ; elle doit être considérée comme un moteur de développement, de paix et de cohésion. L’Appel de Kigali pourrait bien être une feuille de route ambitieuse, si toutefois les mots traduisent en politique effective.


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