Photo : Le président Patrice Talon et les membres de son gouvernement
Le Bénin s’est réveillé groggy, ce lundi 8 décembre, au lendemain d’une nuit où l’ordre constitutionnel a vacillé. Réuni en séance extraordinaire, ce lundi, le Conseil des ministres a livré un récit précis, parfois glaçant, d’une mutinerie menée par un groupuscule de soldats déterminés à renverser le président Patrice Talon et à soumettre les institutions républicaines. Une attaque planifiée, coordonnée et violente, qui a plongé Cotonou et ses environs dans une atmosphère de guerre d’un autre temps.
Une opération lancée dans la nuit
Selon les détails communiqués par le gouvernement, les mutins ont donné le premier signal de leur offensive autour de 2 heures du matin. Leur objectif : neutraliser les principaux chefs militaires avant d’attaquer les symboles du pouvoir. La première cible fut le domicile du Général Bertin Bada, Directeur du Cabinet Militaire du chef de l’État. L’officier a réussi à échapper au commando, mais son épouse a été mortellement blessée lors de l’assaut, un drame qui a profondément marqué la hiérarchie militaire. Dans la foulée, le colonel Faïzou Gomina, commandant de la base de Togbin, a été requis pour se rendre sur place en raison du manque de diligence de son unité. Il sera violemment agressé puis pris en otage par les insurgés, qui ont ainsi immobilisé un haut responsable supplémentaire.
Togbin, épicentre de la rébellion
C’est à la base militaire de Togbin que la mutinerie prend véritablement corps. Les insurgés y regroupent armes et véhicules blindés, et organisent la dispersion de plusieurs équipes chargées d’opérations parallèles. L’une d’elles se dirige vers la résidence du général Abou Issa, chef d’état-major de l’Armée de Terre. Après une résistance farouche, celui-ci est kidnappé par des mutins se présentant comme une équipe de renfort. Armés et équipés, les insurgés quittent ensuite la base de Togbin pour attaquer un objectif majeur : la résidence du chef de l’État.
Assaut contre la Présidence
Aux environs de 5 heures, les mutins arrivent devant la résidence présidentielle. La Garde républicaine est en alerte. Un violent échange de tirs éclate. Selon le Conseil des ministres, le président Patrice Talon a vécu les affrontements aux côtés des éléments déployés pour le protéger. Les échanges sont intenses, les pertes nombreuses des deux côtés. Finalement débordés, les assaillants battent en retraite. Mais leur objectif politique reste intact : ils se rabattent sur la Télévision nationale (SRTB), qu’ils parviennent à contrôler temporairement pour tenter d’y diffuser une déclaration. L’armée républicaine intervient rapidement, déloge les mutins et procède à plusieurs arrestations. Certains soldats insurgés, pris de panique, abandonnent même leurs armes sur place.
Frappes aériennes ciblées et soutien régional
La tension ne retombe pas pour autant. Les mutins tentent de rallumer des foyers de combat, notamment à la base de Togbin, où ils conservent encore des blindés. L’armée béninoise encercle le site et se prépare à un assaut final. Pour éviter un carnage dans cette zone densément habitée, le chef Suprême des Armées (le président Patrice Talon) ordonne des frappes aériennes ciblées. Le Nigeria intervient également dans le cadre de la coopération sous-régionale de la CEDEAO. En fin de journée, son aviation neutralise plusieurs engins blindés sans causer de pertes civiles. Une force nigériane est ensuite déployée à Togbin pour soutenir les troupes béninoises, tandis qu’une unité spéciale venue de Côte d’Ivoire se positionne à Cotonou. À l’aube du lundi, les derniers insurgés fuient. Le contrôle de la base est rétabli. Les généraux Abou Issa et le colonel Gomina sont retrouvés vivants et libérés dans la région de Tchaourou.
Silence, hommage et détermination
Lors du Conseil des ministres extraordinaire, une minute de silence est observée en mémoire des victimes. Le gouvernement annonce l’ouverture d’enquêtes pour identifier tous les auteurs, instigateurs et complices de l’opération, évaluer les dégâts et organiser les réparations, y compris pour les civils atteints par les opérations. Le président Patrice Talon exprime sa gratitude envers le peuple béninois pour sa résilience et son attachement à la stabilité du pays. Il félicite également l’armée pour sa loyauté, promettant un soutien accru aux familles des soldats tombés. Il salue enfin la solidarité régionale, notamment celle du Nigeria et de la Côte d’Ivoire, qui ont mobilisé des moyens militaires pour contrer le putsch.
Un pays ébranlé mais debout
À l’issue de cette nuit chaotique, le gouvernement appelle à transformer cette épreuve en force, à renforcer les institutions et à rappeler que chacun devra répondre de ses actes. « Le Bénin poursuivra sa marche vers le progrès. », assure Patrice Talon convaincu que les leçons tirées de ces événements empêcheront qu’ils ne se reproduisent. Le pays panse ses plaies mais avance, conscient d’avoir frôlé l’un des épisodes les plus graves de son histoire récente. Ci-dessous, l’intégralité du compte rendu du Conseil des Ministres extraordinaire de ce lundi 8 décembre.
COMPTE-RENDU DU CONSEIL EXTRAORDINAIRE DES MINISTRES DU LUNDI 8 DÉCEMBRE 2025


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