Photo : Illustration de prononciation de discours des présidents sortant américain Donald Trump (D), et entrant Joe Biden (G)
Le contraste aura été pour le moins saisissant. Joe Biden, officiellement investi comme le 46ème président des États-Unis d’Amérique ce mercredi 2O janvier, a délivré un discours inaugural à l’opposé de celui lu par l’ancien président américain, Donald Trump, quatre ans plus tôt. Saluant une journée « d’espoir » pour le pays, le démocrate s’est félicité que « la démocratie l’avait emporté » et que « la volonté du peuple avait été entendue et respectée » alors que son prédécesseur venait de passer deux mois à remettre en question les résultats de l’élection et que le Capitole avait été la cible d’une attaque meurtrière deux semaines auparavant. Joe Biden a saisi l’occasion pour appeler une fois de plus l’Amérique à « l’unité » et a de nouveau promis d’être le président de tous les habitants du pays, et pas seulement de ses électeurs. Là où Donald Trump avait repris sa rhétorique anxiogène, Joe Biden a voulu faire preuve d’optimisme même si cela peut sembler être un rêve ridicule.
« Carnage américain »
Après avoir prêté serment le 20 janvier 2017, Donald Trump avait lui pris la parole avec un ton très différent en dépeignant un sombre portrait de l’Amérique : pendant 16 minutes, le président républicain avait repris la rhétorique anxiogène qui avait guidé sa campagne sans réellement essayer de s’adresser à ses opposants. « Pour beaucoup trop de nos citoyens, il existe une réalité différente : des mères et leurs enfants prisonniers de la pauvreté dans les cités, des usines rouillées éparpillées comme des tombes sur notre pays, un système éducatif qui prive nos jeunes et magnifiques étudiants de connaissances, le crime et les gangs et la drogue qui ont volé trop de vies. », avait déclaré Donald Trump. Avant de promettre, d’une phrase qui est restée célèbre par sa violence : « Ce carnage américain s’arrête ici et tout de suite ».
« Nous nous en sortirons ensemble »
Joe Biden a joué un morceau totalement contraire ce 20 janvier 2021. S’il a aussi évoqué des sujets difficiles et notamment mis en garde contre l’arrivée d’un « sombre hiver » avec « la phase la plus dure et la mortelle » de la pandémie de coronavirus, le nouveau président a appelé les américains à mettre de côté leurs différences pour faire face. « Nous nous en sortirons ensemble. », a-t-il promis, avant de faire observer une minute de silence pour rendre hommage, comme il l’avait fait la veille avec sa vice-présidente Kamala Harris, aux 400.000 « mères, pères, époux, épouses, fils, filles, amis, voisins et collègues » morts des suites du Coronavirus. Le démocrate a ainsi tendu la main à ses opposants, notamment en assurant que les désaccords pouvaient être acceptés plutôt que combattu avec violence. « À tous ceux qui n’ont pas soutenu cette candidature, laissez-moi vous dire cela : prenez le temps de m’écouter alors que nous avancerons, jugez-moi et mon coeur. Si vous n’êtes toujours pas d’accord, très bien, c’est ça la démocratie ».
« Make America Great Again »
En 2017, le discours de Donald Trump avait été apocalyptique au point de marquer par sa ressemblance, à un instant, avec celui du personnage de Bane, grand méchant du film « The Dark Knight Rises » de Christopher Nolan. « La cérémonie d’aujourd’hui a une signification bien spéciale parce que nous ne transférons pas seulement le pouvoir d’une administration à une autre ou d’un parti à un autre, mais aussi car nous vous rendons le pouvoir de Washington DC à vous, le peuple ». Le personnage de la saga Batman promet lui, dans un grand discours devant la prison de Blackgate, de « reprendre la ville de Gotham des mains des corrompus, des riches, des oppresseurs qui vous ont maintenus à terre avec des mythes. Et nous vous la rendons à vous, le peuple ». Parlant très brièvement d’« unité » en fin d’allocution en assurant qu’une « nouvelle fierté nationale remuera nos âmes et guérira nos divisions », Donald Trump avait surtout ressorti ses promesses de campagne comme la création d’emplois, la sécurisation des frontières ou encore le renforcement de l’armée et martelé ses slogans « America First » et « Make America Great Again ».
« Réparer nos alliances »
Joe Biden a pour sa part estimé que le pays avait toujours été une force positive dans le monde, sans compter le test qu’ont été les quatre dernières années, et a tenu à adresser un message inverse aux dirigeants étrangers qui étaient devant leur écran ce mercredi. « À ceux qui se trouvent au-delà de nos frontières : l’Amérique a été mise à rude épreuve et nous en sommes sortis plus forts. Nous allons réparer nos alliances et de nouveau collaborer avec le monde. », a-t-il promis. « Nous mènerons pas seulement par l’exemple de notre pouvoir, mais par le pouvoir de notre exemple. », a ajouté Joe Biden. « Nous serons un partenaire fort et fiable pour la paix, le progrès et la sécurité. »
« Unir notre peuple, unir notre nation »
Le nouveau président a certes fait référence à son prédécesseur, qui a mis au centre de son mandat l’expression « fake news », en exhortant les américains à rejeter la manipulation des faits. Biden s’est aussi démarqué en promettant de « vaincre le suprémacisme blanc » et le « terrorisme intérieur », deux semaines après les violences au Capitole que le républicain est accusé d’avoir alimenté avec ses discours. Selon NBC, c’est la première fois que ces fléaux sont mentionnés par un président dans son discours inaugural. Mais en assurant que « la politique n’a pas besoin d’être un feu déchaîné qui détruit tout sur son passage », le nouveau président de 78 ans a avant tout joué l’apaisement et la carte de l’optimisme, disant espérer que le pays pourrait retrouver un semblant d’unité. « Je sais que parler d’unité peut sembler être un rêve ridicule aux yeux de certains. Aujourd’hui, en ce jour de janvier, toute mon âme est investie dans cette tâche, rassembler l’Amérique, unir notre peuple, unir notre nation. », a déclaré le démocrate. « Car sans unité, il n’y a pas de paix, seulement du ressentiment et de la colère. Il s’agit d’un moment historique de crise et de défis, et l’unité est le chemin à suivre. Je serai le président de tous les américains. Tous les Américains. Et je vous promets que je me battrai autant pour ceux qui m’ont apporté leur soutien que ceux qui ne l’ont pas fait. », a assuré Joe Biden qui a conclu son allocution de 22 minutes en se félicitant que « la démocratie, l’espoir, la vérité et la justice ne sont pas morts sous notre surveillance, mais ont prospéré ».
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