Photo : Le procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou
Le vendredi 10 décembre, la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET) a condamné l’ancienne garde des Sceaux, ministre béninoise de la Justice du précédent gouvernement de l’ex-chef de l’État béninois Thomas Boni Yayi (2006-2016) à 20 ans de réclusion criminelle et 75 millions de Francs CFA pour « financement de terrorisme et associations de malfaiteurs ». Au lendemain de cette condamnation de Reckya Madougou, qui fait réagir encore et encore à l’extérieur du Bénin, dans les rues de la capitale, Porto-Novo, et de Cotonou, la capitale économique, ainsi que partout dans le pays, l’avocat français de la prisonnière multiplie les charges sur le Bénin sous Patrice Talon. De la CRIET au service politique de musellement des opposants béninois, à la rétrogradation drastique des libertés publiques, l’avocat aux barreaux de Paris et de Genève n’a pas été tendre dans ses propos depuis la France à l’endroit du Bénin. « Ce que j’ai vu au Bénin : arrivé devant la juridiction « spéciale », il était absolument manifeste qu’il était impossible d’exercer des voies de recours internes. Puisque l’appareil judiciaire est totalement noyauté par le pouvoir. », déclarait Me Antoine Vey.
Puis les attaques contre la juridiction de Porto-Novo devant laquelle il n’a pas pu résister pour défendre sa cliente avant de claquer la porte de la CRIET. « Le procureur spécial est à la table des « juges ». », observait Me Antoine Vey. « Le Bénin (jadis un pays bien classé) a rétrogradé drastiquement dans tous les classements internationaux qui constatent un recul sans précédent des libertés publiques. », Mieux, il ne considère pas la CRIET comme une juridiction. « Devant cette pièce de théâtre grotesque, il n’y a aucun intérêt à cautionner cette audience, surtout pour un défenseur extérieur à ce système. », avait traité Me Antoine Vey. « Les idées se combattent par les idées, pas par le musellement. », a soutenu l’avocat français. Le même week-end, le parti Les Démocrates de l’opposante emprisonnée, dont une délégation conduite par son président Éric Houndété qui a suivi du bout en bout le procès de son porte-flambeau, était aussi monté au créneau à travers un Conseil extraordinaire tenu le samedi 11 décembre à son siège à Cotonou. À l’issue de cette concertation politique, le parti du prédécesseur et opposant de Patrice Talon dénonce une justice aux ordres du pouvoir politique.
Selon Les Démocrates, Reckya Madougou a été kidnappée avant d’être jetée en prison. « Notre candidate a été recalée puis en mars elle a été kidnappée et jetée en prison. Nous nous attendons à ce que les élections passées, que le pouvoir cherche à apaiser la tension. Mais 20 ans de prison, c’est une vie qu’on est en train de détruire. », a déclaré le vice-président Les Démocrates pour qui, seul le président Patrice Talon est la personne qui peut libérer Reckya Madougou. « Les instances du parti vont se retrouver très bientôt pour savoir s’il faut faire une démarche en direction du chef de l’État. Nous croyons que tout va se décider au niveau du chef de l’État. », a ajouté Basile Ahossi. Même si le palais de la Marina n’a pas encore dit un mot suite à ces différentes dénonciations pointées sur le locataire de la présidence béninoise, une voix s’est fait entendre depuis Porto-Novo. Le procureur Spécial de la CRIET a, lors de ses réquisitions le vendredi, indirectement répondu à tous ceux de l’extérieur ou de l’intérieur du pays qui parlent d’une justice politique derrière la condamnation de Reckya Madougou. « L’infraction de terrorisme n’a rien à voir avec la politique. », a affirmé Mario Mètonou.
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