Photo : Le Premier ministre français Édouard Philippe remettant symboliquement au président sénégalais Macky Sall le sabre d’Omar Saïdou Tall, ce dimanche 17 novembre à Dakar
En recevant le président béninois Patrice Talon lors d’une visite de travail à l’Élysée, le président français Emmanuel Macron s’était engagé auprès de ce dernier à rendre au Bénin, ses œuvres d’art, prises à l’époque coloniale par le colonisateur français. Faut-il aussi dire qu’en promettant cela au Bénin, le président français réitérait son engagement pris au cours d’un discours à Ouagadougou le 28 novembre 2017, que « d’ici cinq ans les conditions soient réunies pour des restitutions temporaires ou définitives du patrimoine africain en Afrique ». Aussi, faut-il rappeler que le 4 juillet dernier, à Paris, la capitale de la France lors du forum sur les Patrimoines africains, le ministre français de la culture, Franck Riester, l’a encore martelé. Eh bien, Emmanuel Macron a mis en acte sa parole. En effet, au Sénégal, le Premier ministre français Édouard Philippe a remis ce dimanche 17 novembre, un sabre très symbolique au président sénégalais Macky Sall. Le sabre remis au président sénégalais, il faut le préciser, est le sabre d’Omar Saïdou Tall, une très belle pièce faisant partie des collections du Musée de l’armée à Paris. Ce sabre matérialise non seulement l’histoire entre la France et le Sénégal, mais aussi l’engagement du président français Emmanuel Macron à commencer la restitution à l’Afrique de son patrimoine. S’il ne s’agit pas encore à proprement parler d’une restitution, ce geste en est « la première étape », a dit le Premier ministre français lors de la cérémonie consacrée à cet effet à la présidence sénégalaise en présence des descendants de l’ancien propriétaire.
Le sabre d’Omar Saïdou Tall, une histoire
Il faut noter que parmi des accords politiques ou commerciaux signés ce dimanche à Dakar, la capitale sénégalaise entre la France et le Sénégal, a été paraphée une convention prévoyant le dépôt du sabre au Musée des civilisations noires de Dakar pour 5 ans. Ceci, le temps que soit rédigée en France une loi sur la restitution proprement dite. Il est à préciser que le sabre se trouve déjà depuis plusieurs mois au musée de Dakar sous la forme d’un prêt. « Nous sommes liés par l’histoire », a dit Édouard Philippe en faisant référence à la colonisation et aux relations privilégiées après l’indépendance du Sénégal. « Et ce lien prend un accent particulier aujourd’hui. », a soutenu le Premier ministre français. Ce dernier a rappelé qu’il conservait lui-même précieusement son sabre d’officier. « Le sabre qui nous réunit ici est infiniment plus prestigieux que celui que je possède, c’est celui d’un grand conquérant, celui d’un guide spirituel (…) le sabre d’un fondateur d’empire, l’empire toucouleur qui comprenait la Guinée, le Mali, le Sénégal actuel, c’est le sabre d’un érudit », a-t-il confié. « C’est un amateur de sabre (…) sa place est bel et bien ici, au cœur de l’ancien empire toucouleur », a indiqué Édouard Philippe. En suivant le chef du gouvernement français, le sabre remis au sénégalais ce dimanche est chargé de l’histoire. Érudit musulman et guide de l’importante confrérie des Tidianes, Omar Saïdou Tall, dit El Hadj Omar, fut à l’origine de l’empire toucouleur. Il combattit les troupes françaises de 1857 à 1859 avant de signer un traité de paix avec eux en 1860. Selon des historiens sénégalais, il disparut mystérieusement dans les falaises de Bandiagara au Mali en 1864. Son fils Ahmadou (1836-1897) lui succéda mais, fut vaincu par les français en avril 1893 à Bandiagara au Mali. C’est là que les français s’emparèrent du sabre, à la lame de fabrication française et au pommeau en forme de bec d’oiseau, mais aussi d’autres pièces, à savoir des armes, des manuscrits et de l’or, entre autres selon les historiens.
[…] dont le Premier ministre français, Édouard Philippe fut le maire. Si ce dimanche 17 novembre, la France à travers son Premier ministre a remis le sabre d’Omar Saïdou Tall au Sénégal, ce n’est que le commencement de la restitution d’un millier objets d’art d’Afrique […]