Photo : Le président sortant américain, Donald Trump dans le Maryland, le 2 octobre 2018
Cela commence à sentir le roussi. Une semaine à peine avant que Joe Biden devienne officiellement le 46ème président américain, Donald Trump a bien du souci à se faire pour sa fin de mandat. En effet, depuis l’inimaginable attaque du Capitole mercredi 6 janvier, le président sortant américain (accusé d’avoir attisé les violences) a vu les mesures de rétorsion pleuvoir à son encontre. Privé de réseaux sociaux, les plateformes prisées de ses supporters débranchées d’internet, ses banques lui tournant le dos… l’ancienne star de télé-réalité est soudainement considérée comme un paria. Mais ce sont les condamnations et répercussions politiques qui semblent ce mardi 12 janvier les plus inquiétantes pour celui qui promettait depuis 2015 de « rendre à l’Amérique sa grandeur ». Le 45ème président des États-Unis est en effet bien parti pour devenir ce jour, mercredi 13 janvier, le premier de l’Histoire à être à deux reprises « impeached », c’est-à-dire mis en accusation au Congrès en vue d’une destitution. Et cette fois, la procédure est mieux engagée que jamais pour aboutir.
Liz Cheney, la numéro trois des républicains à la Chambre des représentants, a en effet annoncé hier, mardi qu’elle voterait en faveur de la mise en accusation de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection » liée aux violences du Capitole. Il faut dire que dans un communiqué cinglant, l’élue qui représente l’État extrêmement conservateur du Wyoming, affirme que l’attaque du siège du Congrès, en pleine séance extraordinaire le mercredi 6 janvier pour confirmer la victoire de Joe Biden face à Donald Trump, n’aurait « jamais pu arriver sans le président sortant ».
« Le président des États-Unis a convoqué cette foule hargneuse, rassemblé cette foule hargneuse et allumé la mèche de cette attaque qui a fait cinq morts. », accuseLiz Cheney. « Il n’y a jamais eu plus grande trahison par un président des États-Unis de ses fonctions et de son serment envers la Constitution. », a-t-elle conclu en annonçant qu’elle voterait en faveur de l’acte d’accusation qui sera examiné à la Chambre dès ce jour.
Changement de ton
Et la républicaine ne sera pas la seule. Contrairement à la procédure précédente lancée fin 2019 pour l’affaire ukrainienne, pendant laquelle pas un seul représentant à la Chambre n’avait voté contre Trump, le président comptera ce mercredi au moins trois voix discordantes. En plus de Liz Cheney, John Katko, élu de New York, et Adam Kinzinger, élu de l’Illinois, voteront eux aussi pour démettre le président de ses fonctions. Selon les médias américains, ils pourraient être rejoints par dix, voire vingt, de leurs collègues conservateurs, encouragés par cette prise de position publique. Majoritaires à la Chambre, les démocrates pensent en tout cas avoir déjà assez de voix pour que l’acte d’accusation de Donald Trump pour « incitation à l’insurrection » soit quoi qu’il arrive adopté à une semaine de son départ prévu de la Maison Blanche le 20 janvier prochain.
Abandonné par Mitch McConnell et Mike Pence
Et si le Sénat à majorité républicaine avait servi d’inébranlable rempart et avait acquitté Trump le 5 février 2020, avec uniquement un seul vote conservateur contre lui pour l’un des deux chefs d’accusation qui le visaient, le parti ne semble pas prêt à faire bloc de la même manière un an plus tard. Selon le New York Times et CNN hier, mardi, le chef des républicains au Sénat lui-même a confié se féliciter de cette procédure et y voir l’opportunité pour le parti républicain de « se débarrasser plus facilement » de Trump et son influence. Même s’il l’avait défendu corps et âme lors de la première procédure d’« impeachment ».
Cette fois, Mitch McConnell a apparemment « dit à son entourage qu’il pense que le président Trump a commis des infractions passibles de destitution » et a fait part de sa « satisfaction de voir les démocrates passer à l’acte pour le mettre en accusation ». Le chef des sénateurs républicains n’a pas encore annoncé s’il votera effectivement pour une destitution et il faudra au total trouver dix-sept sénateurs conservateurs contre Trump pour faire aboutir la procédure in fine, donc rien n’est joué. Mais McConnell délivre un message catastrophique pour le président : lui qui était l’un de ses plus puissants soutiens ouvre une brèche qui pourrait être dévastatrice dans le barrage que formait depuis quatre ans tout le parti autour de Trump. Ce dernier ne peut a priori même plus compter sur son fidèle vice-président Mike Pence. Quelques heures après les déclarations de Cheney et McConnell, un article dans le New York Times et un autre sur Politico rapportent que la relation entre les deux hommes a atteint ses limites.
Des proches de Pence y racontent que le président s’en est notamment pris à lui en demandant s’il comptait « être une femmelette ou un patriote » pour l’aider à renverser les résultats de la présidentielle. Sans compter que le duo ne s’est pas parlé pendant près d’une semaine après l’attaque du Capitole, où le vice-président se trouvait au moment des faits. On y lit encore que Pence « n’en peut plus des conneries de Trump » et veut finir son mandat en se faisant discret. Le supposé milliardaire semble désormais plus isolé que jamais. Dans la ville de Washington, capitale sœur de Porto-Novo, on dit wait and see !
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