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Restitution d’œuvres d’art : Emmanuel Macron salue l’audace de Patrice Talon qui refuse d’être totalement emballé

Photo : Les présidents, béninois Patrice Talon, et français Emmanuel Macron, dans la cour de l’Élysée, ce mardi 9 novembre  


C’est fait. La France a restitué au Bénin ses propriétés culturelles et patrimoniales. Mais pas totalement. Initialement confirmé à Porto-Novo, Paris a joint l’acte à la parole. L’État béninois et l’État français ont procédé dans la matinée de ce mardi 9 novembre, à la signature de l’acte de transfert de propriété de ces biens. C’était à l’Élysée où sous les applaudissements, les ministres de la Culture des deux pays, Babalola Jean-Michel Hervé Abimbola pour le Bénin et Roselyne Bachelot pour la France, ont posé leur signature paraphrasant les documents officiels en présence des présidents des deux pays, Patrice Talon et Emmanuel Macron. Le français n’a pas caché ses sentiments. « C’est un moment symbolique, émouvant et historique, qui était tant attendu et inespéré. », s’est félicité le président français Emmanuel Macron, qui s’était engagé en 2017 à procéder à des restitutions du patrimoine africain en France. « Le peuple béninois tout entier vous exprime sa gratitude. », l’a remercié Patrice Talon.

« (…) Vous avez eu le courage de demander et de redemander ce qui vous étiez dû. »

Emmanuel Macron

Le locataire sortant et candidat à sa propre succession à l’Élysée n’est pas allé par quatre chemins pour saluer l’audace de l’actuel locataire de La Marina. « (…) Vous avez eu le courage de demander et de redemander ce qui vous étiez dû. », a déclaré Emmanuel Macron, souhaitant « que ce mouvement se poursuive ».  Mais son homologue béninois a été clair dans son intervention. « La restitution de 26 œuvres n’est qu’une étape. », a souligné Patrice Talon. Venu spécialement en France pour cette occasion face à son homologue français, le président du Bénin récupère 26 trésors d’Abomey dans un enthousiasme mitigé pour une restitution qui ne doit être qu’une étape.

« Comment voulez-vous qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Ogou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge ou la tablette du Fâ continuent d’être détenues ici en France, au grand dam de leur ayant droit ? »

Patrice Talon

Le chef du Nouveau Départ refuse d’être totalement emballé par cette restitution. « Comment voulez-vous qu’à mon départ d’ici avec les 26 œuvres, mon enthousiasme soit total pendant que le Dieu Ogou, œuvre emblématique représentant le dieu des métaux et de la forge ou la tablette du Fâ, œuvre mythique de divination du célèbre devin Guèdègbé (grand-père maternel de Patrice Talon NDRL) et beaucoup d’autres (notamment DJISSA, maître Suprême du Fâ dans le royaume d’Abomey NDRL), continuent d’être détenues ici en France, au grand dam de leur ayant droit ? » a demandé Patrice Talon à Emmanuel Macron dans la cour de l’Élysée. Dans une démarche de Rupture totale, le courageux béninois a promis de revenir pour d’autres restitutions. En guise de réponse à cette grosse interrogation, le premier citoyen français a fait une promesse. « Au-delà de cette restitution, nous allons poursuivre le travail. », a de son côté promis Emmanuel Macron.

Les œuvres retournent au Bénin demain après 130 ans d’absence

Rappelons que parmi les œuvres restituées ce jour, qui étaient exposées au Musée parisien du Quai Branly – Jacques Chirac, figurent des statues totem de l’ancien royaume d’Abomey ainsi que le trône du roi Béhanzin, pillés lors de la mise à sac du palais d’Abomey par les troupes coloniales françaises en 1892. Ces œuvres sont attendues avec émotion à l’aéroport international Cardinal Bernardin Gantin (CBG) de Cotonou, demain mercredi 10 novembre, après 130 ans d’absence. Selon des experts, 85 à 90% du patrimoine africain seraient hors du continent. Depuis 2019, outre le Bénin, six pays (Sénégal, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Tchad, Mali, Madagascar) ont également soumis à la France des demandes de restitutions. Dans ce sens, Paris doit restituer prochainement à Yamoussokro le « Djidji Ayokwe », célèbre tambour parleur des Ébriés, réclamé de longue date par la Côte d’Ivoire. Il convient de relever que les restitutions d’œuvre d’art pillées à l’Afrique sont un des points saillants de la « nouvelle relation » que le chef de l’État français entend nouer avec le continent.

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