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États-Unis : La Cour suprême enterre le droit à l’avortement pour toutes les femmes

Photo : Les manifestantes devant la Cour suprême, à Washington, ce vendredi 24 juin

Dans une volte-face historique, la très conservatrice Cour suprême des États-Unis a enterré, ce vendredi 24 juin, un arrêt qui, depuis près d’un demi-siècle, garantissait le droit des américaines à avorter mais n’avait jamais été accepté par la droite religieuse. Cette décision ne rend pas les interruptions de grossesse illégales, mais renvoie les États-Unis à la situation en vigueur avant l’arrêt emblématique « Roe v. Wade » de 1973, quand chaque État était libre de les autoriser ou non. « La Constitution ne fait aucune référence à l’avortement et aucun de ses articles ne protège implicitement ce droit. », écrit le juge Samuel Alito au nom de la majorité. « Roe v. Wade était totalement infondé dès le début » et « doit être annulé ». « Il est temps de rendre la question de l’avortement aux représentants élus du peuple dans les parlements locaux. », écrit-il encore. 

« La Cour suprême a annulé Roe v. Wade, éliminant le droit constitutionnel à l’avortement. »

Politico

Cette formulation est proche d’un avant-projet d’arrêt qui avait fait l’objet d’une fuite inédite début mai par le site Politico, provoquant d’importantes manifestations dans tout le pays et une vague d’indignation à gauche. « La Cour suprême a annulé Roe v. Wade, éliminant le droit constitutionnel à l’avortement. », peut-on lire en ligne. Compte tenu des fractures dans le pays, une moitié des États, surtout dans le Sud et le centre plus conservateurs et religieux, pourraient les bannir à plus ou moins court terme. Selon l’institut Guttmacher, un centre de recherche qui milite pour l’accès à la contraception et à l’avortement dans le monde, 13 États disposent de lois dites « zombies » ou « gâchette » interdisant l’avortement. Elles ont été rédigées pour entrer en vigueur quasi automatiquement en cas de revirement à la Cour suprême. Une douzaine d’autres États devraient suivre avec des interdits complets ou partiels

« La volonté de Dieu »

Donald Trump

L’arrêt publié vendredi va à contre-courant de la tendance internationale à libéraliser les IVG, avec des avancées dans des pays où l’influence de l’Église catholique reste forte comme l’Irlande, l’Argentine, le Mexique ou la Colombie. Elle couronne 50 ans d’une lutte méthodique menée par la droite religieuse, pour qui elle représente une énorme victoire mais pas la fin de la bataille : le mouvement devrait continuer à se mobiliser pour faire basculer un maximum d’États dans son camp ou pour essayer d’obtenir une interdiction au niveau fédéral. Cette décision s’inscrit aussi au bilan de l’ancien président républicain Donald Trump qui, au cours de son mandat, a profondément remanié la Cour suprême en y faisant entrer trois magistrats conservateurs (Neil Gorsuch, Brett Kavanaugh et Amy Coney Barrett) signataires aujourd’hui de cet arrêt. Interrogé par la chaîne Fox News, l’ancien président américain a salué vendredi « la volonté de Dieu ». « La décision suit la Constitution, et ramène tout au niveau des États, ce qui aurait toujours dû être le cas. », a-t-il ajouté.

« Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions, de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous. »

Planned Parenthood

Peu de temps après cette annonce fracassante outre-Atlantique, la principale organisation de planning familial américaine a promis vendredi de continuer à « se battre », après la décision révoquant l’arrêt qui garantissait depuis près de 50 ans ce droit fondamental. « Vous ressentez sans doute beaucoup d’émotions, de la douleur, de la colère, de la confusion. C’est normal, nous sommes avec vous et nous n’arrêterons jamais de nous battre pour vous. », a tweeté Planned Parenthood. Face à la détresse que les américaines doivent déjà ressentir, le maire de New York, Eric Adams, s’est empressé de leur dire qu’elles étaient « les bienvenues ». L’Illinois, dont est élu le sénateur, s’attend déjà à voir une vague de femmes, cherchant à avorter, arriver sur son territoire.

« Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit. »

Barack Obama

L’ancien président américain Barack Obama a d’ailleurs accusé la Cour suprême d’avoir attaqué les libertés fondamentales de millions d’américaines, ce vendredi. « Aujourd’hui, la Cour suprême a non seulement renversé près de 50 ans de précédent historique, elle laisse également au bon vouloir des politiciens et idéologues la décision la plus personnelle qui soit. », a déclaré l’ancien président démocrate sur Twitter : « Today, the Supreme Court not only reversed nearly 50 years of precedent, it relegated the most intensely personal decision someone can make to the whims of politicians and ideologues—attacking the essential freedoms of millions of American. ». Fin de citation. Il faut dire que cette nouvelle décision de la Cour suprême américaine intervient au lendemain d’une autre annonce marquante. Hier, jeudi, la plus haute juridiction américaine avait invalidé une loi de l’État de New York qui exigeait une licence ainsi que des justifications pour pouvoir porter une arme en extérieur. Une décision qui permet désormais à chaque citoyen américain de sortir armé hors de son domicile. 

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