Photo : Les trois militantes kurdes proches du PKK assassinées, dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, là encore dans le 10e arrondissement de Paris
Un drame qui en rappelle un autre. La fusillade qui a éclaté, hier, vendredi 23 décembre, dans le 10e arrondissement de Paris, à proximité d’un centre culturel kurde, fait douloureusement écho à l’assassinat en janvier 2013 de trois personnalités et activistes kurdes. En effet, dans la nuit du 9 au 10 janvier 2013, Fidan Dogan, Sakine Cansiz et Leyla Saylemez toutes proches voire engagées au sein du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), étaient abattues dans la rue Lafayette, dans le 10e arrondissement de la ville capitale française. Le suspect présumé, Omer Güney, a été interpellé dans la foulée et écroué pour « assassinats en relation avec une entreprise terroriste ». Atteint d’une tumeur cérébrale, il est mort à Paris en décembre 2016, quelques mois avant son procès devant la Cour d’assises spéciale.
« Dix ans après »
À ce stade, les motivations du tireur qui a tué trois personnes, ce vendredi 23 décembre ne sont pas connues, et les autorités n’ont pas confirmé qu’il visait directement le centre culturel kurde situé rue d’Enghien. Toutefois, le lieu de la fusillade dans un quartier commerçant et animé, prisé de la communauté kurde, a suffi pour que certains responsables politiques fassent le parallèle avec la mort des trois femmes en 2013. « Il y a 10 ans presque jour pour jour, étaient assassinées trois dirigeantes kurdes en plein Paris. Ça suffit ! Protection de nos alliés kurdes ici et là-bas. », écrit Jean-Luc Mélenchon, disant sa « tristesse et sa colère » devant ce qu’il a qualifié « d’attaque terroriste ». « Ce n’est pas la première fois. Ça suffit ! », renchérit Manuel Bompard.
« Il y a 10 ans, Sakine Cansız, Fidan Doğan, Leyla Şaylemez étaient assassinées dans le 10ème arrondissement. Dix ans après, la communauté kurde a de nouveau été visée par une attaque raciste. », abonde la députée communiste Elsa Faucillon, tandis que le sénateur Fabien Gay insiste sur « la protection que nous devons à nos amis kurdes, ici et là-bas ».
En déplacement dans le 10e arrondissement ce vendredi après-midi, Gérald Darmanin a aussi évoqué ce souvenir tragique. « N’oublions pas qu’il y a dix ans, des femmes kurdes ont été assassinées et que ce triste anniversaire devait être commémoré par les Kurdes. », a déclaré le ministre de l’Intérieur, assurant qu’un dispositif de sécurité serait déployé en cas de manifestations pour rendre hommages aux victimes « aujourd’hui ou au début du mois de janvier ». Selon les conclusions des enquêteurs, l’assassinat de 2013 aurait pu être commandité par les services secrets turcs, dans le cadre d’une opération contre le PKK considéré comme un groupe terroriste par Ankara. L’appartenance d’Omer Güney à la branche turque ultranationaliste des Loups gris a aussi été questionnée lors de l’enquête. La mort du principal suspect a mis un terme aux investigations et aucune responsabilité n’a jamais pu être établie officiellement. Cependant, en 2021, les proches et avocats des victimes ont tenté de faire rouvrir l’affaire, sans que de nouvelles conclusions aient vu le jour à ce stade.
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