Photo : La vice-présidente Kamala Harris, ici à Kalamazoo, dans le Michigan, le mercredi 17 juillet (Chris Dumond GETTY IMAGES VIA AFP)
Brisera-t-elle l’ultime plafond de verre ? C’est du wait and see, ici à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE », à Porto-Novo. La vice-présidente Kamala Harris, lancée dans la course pour remplacer Joe Biden comme candidate des démocrates à l’élection présidentielle de novembre prochain après le retrait du président américain, pourrait écrire une nouvelle page de l’histoire des États-Unis d’Amérique. Elle l’a déjà fait en devenant en janvier 2021 la première femme, la première Afro-américaine et la première personne d’origine asiatique à accéder à la vice-présidence. « Elle a détruit un plafond de verre après l’autre. », avait constaté Joe Biden en mars 2023. Ce dimanche 21 juillet, après avoir été soutenue par son président, elle a rapidement déclaré qu’elle comptait « remporter l’investiture » pour « battre Donald Trump ». La vice-présidente, 59 ans aujourd’hui, raconte souvent avoir manifesté enfant pour les droits civiques, en compagnie de son père jamaïcain, professeur d’économie, et de sa mère indienne, chercheuse spécialiste du cancer du sein. C’est aussi dans son enfance qu’elle a puisé le souvenir qui l’a révélée pendant un débat de la primaire démocrate en 2019.
Cible préférée de Donald Trump
La native d’Oakland, en Californie, avait durement attaqué un certain Joe Biden sur son opposition passée à une politique de déségrégation raciale qui consistait à transporter en bus certains enfants vers des écoles éloignées, et dont elle avait bénéficié. « La petite fille (dans le bus), c’était moi », avait-elle lancé. Cette sortie remarquée n’a pas sauvé une campagne ratée, interrompue avant même le premier scrutin des primaires. Joe Biden l’a ensuite invitée sur son « ticket », l’exposant ainsi aux attaques de son adversaire républicain Donald Trump. En 2020, l’ancien président a qualifié la démocrate de « monstre » et de « femme colérique », des termes renvoyant à des stéréotypes racistes sur les femmes noires. Après un débat calamiteux de Joe Biden face à Donald Trump le jeudi 27 juin dernier, le milliardaire de 78 ans, anticipant un retrait du président américain, a relancé ses attaques.
Élue, deux fois, procureure générale
Toujours en quête de surnoms moqueurs pour ses opposants, il a commencé à l’appeler « Kamala l’hilare » (« Laffin’ Kamala »), en référence à son rire tonitruant, tandis que son équipe de campagne a entrepris de la décrire comme une gauchiste invétérée. Diplômée de l’université Howard, fondée à Washington pour accueillir les étudiants afro-américains en pleine ségrégation, Kamala Harris est fière de son parcours emblématique du rêve américain. Après deux mandats de procureure à San Francisco (2004-2011), elle a été élue, deux fois, procureure générale de Californie (2011-2017), devenant alors la première femme et la première personne noire à diriger les services judiciaires de l’Etat le plus peuplé du pays. Elle a été critiquée pour sa répression sévère des petits délits, qui a selon ses opposants surtout affecté les minorités. En janvier 2017, elle a prêté serment au Sénat à Washington, où elle est devenue la première femme originaire d’Asie du Sud et seulement la deuxième sénatrice noire dans l’histoire.
Défense du droit à l’avortement
Elue vice-présidente, elle a dédié son discours de victoire aux « petites filles » d’Amérique. En 2022, Kamala Harris a pris avec ferveur la défense du droit à l’avortement, remis en cause par la Cour suprême. « Certains dirigeants républicains essaient d’instrumentaliser la loi contre les femmes. Comment osent-ils ? Comment osent-ils dire à une femme ce qu’elle peut et ne peut pas faire de son propre corps ? », s’est-elle indignée en mars 2003. Cette forte déclaration, et la campagne énergique menée depuis un an par Kamala Harris à travers le pays, l’ont relancée. Occupant un poste par nature ingrat, Kamala Harris a aussi fait des faux pas au début de son mandat, sur des questions délicates de diplomatie et d’immigration.
« Second Gentleman »
La presse américaine a parfois jugé qu’elle manquait d’envergure ; ce que ses partisans expliquent aussi par des biais sexistes. Le magazine Vogue avait dû se défendre d’avoir, peu après l’élection, choisi pour sa couverture une photo de la vice-présidente en baskets, plutôt qu’un portrait plus formel, qui aurait davantage mis l’accent sur sa fonction. La principale intéressée prend pourtant soin de cultiver une image décontractée, aidée en cela par son conjoint Doug Emhoff, pour lequel l’Amérique a dû s’habituer au titre de « Second Gentleman ». Cet avocat à l’expression amicale est aussi le premier Juif dans ce rôle. Il a été l’un des grands relais de la Maison Blanche dans la lutte contre l’antisémitisme. Sur les réseaux, le couple feint par exemple de se chamailler autour du basket : il est fan de l’équipe des Lakers de Los Angeles, elle des Warriors de San Francisco. Kamala Harris, surnommée « Momala » dans sa famille recomposée, est aussi férue de cuisine. Lors d’un voyage officiel à Paris, elle s’était rapidement échappée pour acheter des casseroles en cuivre. Première femme, première Afro-américaine et première personne d’origine asiatique à accéder à la vice-présidence, la démocrate ira-t-elle encore plus loin ? Le temps nous le dira.
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