Photo : La récade du roi Béhanzin exposée à Paris
C’est un calcul bien fait ou un hasard ? Difficile de répondre à la rédaction differenceinfobenin.com et celle du journal quotidien « Différence Info » du Groupe de presse « DIFFÉRENCE » ici à Porto-Novo. Ce vendredi 20 décembre était la date retenue par le gouvernement béninois pour permettre à son chef, le président Patrice Talon de se conformer aux dispositions de l’article 72 de la Constitution du 11 décembre 1990 telle que modifiée par la loi N°2019-40 du 07 novembre 2019, le Président de la République. Ainsi, Patrice Talon était à l’Assemblée nationale, à Porto-Novo, pour présenter au peuple l’état de la Nation en 2024. Contre toute attente, c’est cette même date, vendredi 20 décembre, qu’il a plu à la France de sortir un symbole de controverse et de patrimoine culturel, mettant en effervescence le monde de l’art. En effet, une vente aux enchères, intitulée « Tribal Exception », s’ouvre à Paris. Au rang des objets artistiques sur l’étalage, une récade du roi Béhanzin, emblème de l’ancien royaume du Dahomey, retient l’attention des participants.
Des voix s’élèvent
Conçu en bois et représentant une main fermée sur le foie d’un ennemi vaincu, cet objet est bien plus qu’un simple artefact ; il est un symbole riche en histoire et en controverse. Il faut noter que cette vente ne met pas uniquement en avant des pièces d’origine africaine. Elle met également celles d’Asie et d’Amérique latine, soulevant une forte critique de la part des observateurs culturels, experts et défenseurs du patrimoine mondial en général et africain en particulier. Parmi ces derniers figure la présidente de la Fondation d’art Zinsou. La franco-béninoise a fermement réagi suite à l’argument de Paris justifiant que la récade aurait été offerte aux troupes coloniales françaises. Quelle offre quand on sait que ces dernières ont envahi le royaume du Dahomey. « La pratique était que les soldats récupéraient des objets lors de leurs campagnes et les gardaient chez eux. », explique Marie-Cécile Zinsou.
La fille de l’ancien Premier ministre béninois, Lionel Zinsou, du précédent gouvernement du président Thomas Boni Yayi (2006-2016) indique que ce geste, qui pourrait être interprété comme une soumission, est contesté et n’est pas conforme aux vérités historiques. « Ce qui nous ramène à la fin du XIXe siècle, lorsque ces objets sont apparus sur le marché de l’art. », a déclaré Marie-Cécile Zinsou, exprimant son indignation face à ce type de vente qui ne prend pas en compte le contexte actuel de restitution et de reconnaissance des injustices coloniales. Dans la démarche de restitution des œuvres d’art entamé par le président Patrice Talon avec la Emmanuel Macron pour amener la France à restituer au Bénin dont 26 Trésors royaux sont déjà sur le sol de leurs aïeux, reconnaissant ainsi le pillage colonial. Il urge que le chef de l’État participe à cette vente.
Pour la somme de 8000 euros
Soit Patrice Talon achète la récade, soit le dirigeant béninois prend le trésor. Pourvu que le symbole retourne à Abomey, puisque Paris n’a pas consulté Porto-Novo avant de vouloir procéder à cette vente. « Il est sidérant de voir les descendants des soldats de l’armée coloniale proposer à la vente ce type d’objet sans même consulter les pays d’origine. », déplore Marie-Cécile Zinsou, notant que la récade, une pièce symbolique représentant le pouvoir royal, est mise aux enchères pour la somme de 8000 euros, soit environ 5.200.000 FCFA.
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