Photo : L’ancienne garde des Sceaux, ministre béninoise de la Justice, Reckya Madougou, à Porto-Novo, ce vendredi 10 décembre
Enfin, Reckya Madougou est jugée. Inculpée à la prison civile internationale d’Akpro-Missérété, depuis le vendredi 5 mars dernier pour « financement de terrorisme et association de malfaiteurs », elle ne sortira que le mardi 5 mars 2041. Elle aura 67 ans. Quelle chute ou quelle fin d’une vie glorieuse à un parcours exemplaire pour une jeune belle femme devenue ministre béninoise à la lisière de 35 ans. Encore ministre avant de rentrer dans les bonnes grâces du palais présidentiel togolais. Se lançant sur un chemin aussi épineux comme celui de la Magistrature suprême d’un pays bien lourd appelé Bénin, elle a rapidement été stoppée. C’est en prison que Reckya Madougou, Chevalier de l’Ordre national du Mérite du Bénin, a soufflé sur sa 47ème bougie, pour s’être née le 30 avril 1974. Elle a plaidé non-coupable.
Devant la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), à Porto-Novo, la capitale béninoise, ce vendredi 10 décembre, elle était dans le box des accusés avec cinq autres détenus. À la question, si elle connaît son coaccusé Georges Sacca Zimé qui a remis un million de Francs CFA au colonel militaire à la retraite Ibrahim Mama Touré qui avait affirmé en premier à la barre être recruté pour assassiner l’ancien maire de Parakou, Reckya Madougou répond : « Oui, je le connais ». Le coaccusé a déposé à la barre avoir reçu 15 millions de Francs CFA des mains de la candidate du parti d’opposition Les Démocrates. « Oui, je lui ai envoyé 15 millions. C’est pour la mobilisation des militants et l’organisation de ma campagne électorale », répond à nouveau Reckya Madougou au juge.
L’éclaircissement sur cette question des 15 millions de Francs CFA a fait rappeler un constant souvenir à Reckya Madougou avec précision. « Je me rappelle avoir envoyé l’argent après le 07 février, date qui marque la commémoration de la mort de mon père », a indiqué la femme politique. L’ancienne garde des Sceaux, ministre béninoise de la Justice, du gouvernement de l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2006-2016), a rejeté être à l’origine du projet d’assassinat de l’ancien maire de Parakou. « La première personne à rigoler de cette affaire est Charles Toko. », partage-t-elle d’abord. « Charles Toko a été mal choisi dans cette affaire. C’est l’une des personnalités dont je suis la plus proche dans le régime de la Rupture. J’échangeais avec Charles Toko jusqu’à mon arrestation. », a expliqué Reckya Madougou.
Puis elle confie. « Charles Toko me taquinait même sur ma candidature. Je ne sais pas pourquoi je vais assassiner Charles Toko. », a déposé l’actuelle Conseillère Spéciale du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé dirigeant depuis 2005 après la mort au pouvoir de son feu père, l’ancien président togolais Étienne Éyadéma Gnassingbé (1967 – 2005). Il convient de relever que la réquisition du procureur spécial de la CRIET, Mario Mètonou, a été lourde condamnant Reckya Madougou à 20 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 75 millions de Francs CFA.
La prisonnière se dit innocente. « Cette Cour a délibérément décidé de clouer au pilori une innocente. », a déclaré Reckya Madougou, peu avant l’annonce de sa condamnation, qu’elle a accueillie d’un léger sourire. « Je n’ai jamais été et je ne serai jamais une terroriste. », jure-t-elle. Notons qu’en droit français comme béninois, la réclusion criminelle est une peine criminelle de droit commun fut instituée en 1960 pour remplacer la peine de travaux forcés et qui peut être de 15 ans ou au plus. Reckya Madougou passera exactement 19 ans 3 mois en prison. Il est à signaler que 4 de ses coaccusés sont condamnés à la même peine qu’elle et le sixième prévenu est condamné à 7 ans de prison ferme.
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