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États-Unis / 1ère journée d’audience publique au Congrès : Un témoin clé renforce l’accusation contre Donald Trump pour sa destitution

Photo : Le président américain Donald Trump ici à la Maison Blanche à Washington, le 13 novembre 2019


Le plus haut diplomate américain en Ukraine a apporté ce mercredi 13 novembre de nouveaux éléments renforçant les soupçons contre le président américain Donald Trump, lors d’une première journée d’audition publique historique au Congrès à Washington visant à déterminer si le président républicain doit être destitué. Combatif, clamant son innocence, Donald Trump a juré de laver l’« affront » de cette enquête dans les urnes en remportant un second mandat à la présidentielle de novembre 2020. Ancien militaire, cheveux gris et visage aux traits sévères, William Taylor a été choisi par les démocrates pour ouvrir le bal des auditions télévisées aux côtés d’un autre diplomate de carrière, George Kent, haut responsable du département d’État spécialiste de l’Ukraine qui portait son traditionnel nœud papillon. Faut-il rappeler que les démocrates soupçonnent le président américain Donald Trump d’avoir abusé de ses pouvoirs présidentiels en demandant à Kiev d’enquêter sur l’ancien vice-président Joe Biden, bien placé pour l’affronter lors de la prochaine présidentielle. Forts de leur majorité à la Chambre des représentants, ils ont ouvert fin septembre une enquête pour constituer un dossier de mise en accusation, l’« impeachment » en anglais. Après six semaines d’auditions dans la discrétion du huis clos, ils espèrent avoir un impact décisif sur l’opinion publique avec les auditions publiques. Durant son témoignage retransmis en direct sur les grandes chaînes d’information américaines, l’ambassadeur américain de facto en Ukraine, William Taylor, a rapporté que Donald Trump « s’intéressait » davantage à l’ouverture d’une enquête sur Joe Biden en Ukraine qu’à la situation dans ce pays. Sous serment, il a surpris en déclarant avoir appris ces derniers jours que l’ambassadeur américain auprès de l’Union européenne, Gordon Sondland, avait fait cette déclaration le 26 juillet, juste après avoir discuté avec Donald Trump.

Donald Trump n’est pas préoccupé pas l’évènement

Au cours de leur audition, William Taylor et George Kent ont pris soin de souligner qu’ils n’avaient pas de parti pris politique, ayant servi aussi bien sous des présidents républicains que démocrates. Mais, signe de la profonde division déchirant le pays autour de cette procédure exceptionnelle, les républicains se sont attachés à mettre en doute leur crédibilité. Dénonçant une « chasse aux sorcières », Donald Trump a affirmé être « trop occupé » pour regarder les auditions du Congrès qui se déroulaient tandis qu’il recevait son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Rappelons qu’avant Donald Trump, seuls trois présidents américains ont été visés par une procédure de destitution. Aucun n’a été démis de ses fonctions. Cette procédure est une « campagne de calomnies », s’est insurgé le N°2 républicain de la commission du Renseignement, en charge des investigations, Devin Nunes. Ce dernier a accusé les démocrates de vouloir « annuler » la victoire surprise de Donald Trump en 2016.

Direct et clair

Le cadre de l’enquête est clair, a assuré le démocrate Adam Schiff, président de la commission. « Donald Trump a-t-il invité l’Ukraine à s’ingérer dans nos élections ? ». « A-t-il commis un abus de pouvoir », a énuméré le discret démocrate, qui cherche à donner une tonalité solennelle à cette procédure explosive, en déléguant notamment ce mercredi, une bonne partie de son interrogatoire à un enquêteur parlementaire professionnel. Comme levier, le milliardaire aurait suspendu une aide militaire de quelque 400 millions de dollars destinée à Kiev, et mis dans la balance une possible invitation du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à la Maison Blanche. Au cours d’une conversation téléphonique le 25 juillet dernier, Donald Trump a bien demandé à son homologue ukrainien de « se pencher » sur Joe Biden et son fils, Hunter, qui a été employé par une compagnie gazière ukrainienne. Soulignons que cet appel avait alarmé plusieurs responsables de la Maison Blanche et au sein des services de renseignement, au point qu’un lanceur d’alerte, agent de la CIA, avait décidé d’en alerter sa hiérarchie. Les démocrates veulent aussi savoir si la Maison Blanche a tenté de faire entrave à l’enquête du Congrès et/ou de dissimuler des indices. Donald Trump martèle que l’appel avec Volodymyr Zelensky était « parfait ». Les républicains ont demandé, sans succès, le témoignage public de Hunter Biden et du lanceur d’alerte.

Contamination des Relations diplomatiques

Il est à rappeler que les deux témoins de ce mercredi avaient déjà livré leurs versions à huis clos aux parlementaires en octobre dernier. Lors de son intervention hier, William Taylor a affirmé qu’un canal diplomatique « irrégulier » avait été mis en place avec l’Ukraine afin de poursuivre des intérêts allant « à l’encontre des objectifs à long terme de la politique américaine ». Cette voie diplomatique parallèle était dirigée par l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a-t-il ajouté. « À la mi-août, il m’est apparu évident que les efforts de Giuliani pour concocter des enquêtes politiques contaminaient désormais » les relations entre Kiev et Washington, a renchéri George Kent. William Taylor a également répété trouver « dingue » qu’une aide militaire destinée à l’Ukraine puisse avoir été gelée « en échange » de l’ouverture d’enquêtes sur des rivaux de Donald Trump. Dans une tribune publiée par le journal américain Wall Street Journal, Rudy Giuliani a jugé que le « comportement des Biden méritait d’être examiné de près ». Une dizaine d’autres auditions sont prévues d’ici une semaine, soit le 20 novembre prochain au Congrès. Avec ce tempo rapide, l’opposition signale qu’elle ne veut pas perdre de temps en vue d’un possible vote sur l’« impeachment » du président américain à la Chambre. Il convient de relever que compte tenu de la majorité républicaine au Sénat, il est peu probable que Donald Trump soit ensuite destitué, car la chambre haute, qui serait chargée de le juger, aurait le dernier mot. C’est donc ce qu’il faut retenir de la première journée d’audition publique au Congrès, visant à déterminer si le président républicain des Etats-Unis, Donald Trump, doit être destitué.

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