Photo : Le ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin, à Porto-Novo, ce jeudi 21 octobre
Si à Washington, elle faisait croiser les doigts au président américain Joe Biden dans l’espoir d’une abrogation, ici à Porto-Novo, elle fait le bonheur du président béninois Patrice Talon et son gouvernement. Elle ? C’est la loi N° 2021-12 modifiant et complétant la loi 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Bref, la loi modificative sur l’avortement au Bénin. Ce jeudi 21 octobre, les députés de la huitième (8ème) législature, dirigée par le Col Louis Gbèhounou Vlavonou, ont procédé à l’adoption de cette loi. C’était à l’occasion d’une plénière consacrée à cet effet qui a connu la présence de l’exécutif représenté par le ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin, assistés par ses collègues Véronique Tognifodé en charge des Affaires Sociales et de la Microfinance, et bien évidemment du garde des Sceaux, ministre de la Justice et de la Législation, Me Séverin Maxime Quenum. Il faut dire que le gouvernement de la Rupture est en train de vouloir réussir là où ses précédents ont échoué au sujet de l’Interruption Volontaire de Grossesse (IVG) qui reste et demeure tabou.
Le gouvernement a défendu son projet à l’hémicycle devant la Représentation nationale avec des chiffres qui font froids dans le dos. « Les statistiques sont alarmantes. Plus de 200 femmes décèdent en silence chaque année des suites d’avortements compliqués et non sécurisés. », a d’abord indiqué Benjamin Hounkpatin. Rappelons qu’en 2003, le Bénin avait déjà perçu le danger en adoptant la loi N° 2003-04 du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction en République du Bénin. Ce texte en son article 17, avait autorisé le recours à l’IVG dans des conditions exceptionnelles, notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d’un viol ou d’une relation incestueuse, ou lorsque l’enfant à naître est atteint d’une affection d’une particulière gravité. « Cette loi a fait son chemin, mais n’a pas pu régler la question des avortements clandestins et meurtriers réalisés dans les coins et recoins du Bénin. », a souligné l’exécutif face au législatif.
Inutile de reconnaître que le sujet est de taille et plus que sanitaire, mais aussi médiatique quand on sait que plusieurs femmes dans le tourment et sans informations, se livrent clandestinement aux structures illégales qui leur offrent la voie de la mort ou celle des séquelles à vie. Un drame qui a obligé le gouvernement Talon 2 à retoucher la loi et de porter le débat devant les élus du peuple à l’Assemblée nationale le mercredi 20 octobre. L’objectif de Patrice Talon et de son équipe exécutive est clair : sécuriser et encadrer la pratique de l’Interruption Volontaire de Grossesse. De façon plus concrète, Porto-Novo veut permettre à la femme amenée à avoir recours à une IVG pour des raisons précisées par la loi, de le faire dans des conditions préventives de sa vie. Au-delà de la protection de la santé de la femme qui manifeste le désir d’avorter, selon le gouvernement, c’est toute une batterie de mesures qui est envisagée pour encadrer la pratique qui restera dans tous les cas, un ultime recours.
Selon le premier Pouvoir, la nécessité d’en arriver à ce projet de loi modificative n’était plus à démontrer s’il fallait arrêter le carnage organisé qui suit son cours dans le pays. Le premier médecin du gouvernement Talon 2 est allé bien loin dans les explications appuyées des exemples qui ont retenu l’attention des élus du peuple. « Des images insoutenables de jeunes filles arrivant dans les structures sanitaires, leurs intestins enveloppés dans un pagne, marchant difficilement, infectées totalement du fait du travail de boucher perpétré par des apprentis avorteurs officiant dans les coins de rue à la recherche de ces proies faciles en détresse ; des images de perforations utérines et autres organes de voisinage, de gangrènes utérines, d’hémorragies foudroyantes, de nécroses vaginales et utérines du fait de pratiques d’auto-avortement à l’aide de tiges, d’aiguille à tricoter, d’utilisation de produits corrosifs ou caustiques pour obtenir l’arrêt coûte que coûte de ces grossesses non désirées, toute choses se soldant par des décès maternels ou des mutilations. », a largement expliqué le ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin. Sans se poser plus de questions, les parlementaires ont levé la main pour voter cette loi.
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