Photo : L’avocat aux barreaux de Paris et de Genève, Me Antoine Vey
La condamnation de l’ancienne garde des Sceaux, ministre béninoise de la Justice, du gouvernement de l’ancien président béninois Thomas Boni Yayi (2006-2016), Reckya Madougou à 20 ans de réclusion criminelle et d’une amende de 75 millions de Francs CFA, a fait sortir son avocat français de son gon. Rappelons que l’actuelle Conseillère Spéciale du président togolais Faure Essozimna Gnassingbé dirigeant depuis 2005 après la mort au pouvoir de son feu père, l’ancien président togolais Étienne Éyadéma Gnassingbé (1967 – 2005), a été jugée pour « financement de terrorisme et association de malfaiteurs ». C’était ce vendredi 10 décembre, par la Cour de Répression des Infractions Économiques et du Terrorisme (CRIET), à Porto-Novo, la capitale béninoise, après l’abandon de l’audience par son avocat étranger. « Devant cette pièce de théâtre grotesque, il n’y a aucun intérêt à cautionner cette audience, surtout pour un défenseur extérieur à ce système. », a qualifié Me Antoine Vey. Ce dernier, en crachant sur le Bénin sous Patrice Talon, décrit l’image qu’il a vue de la justice et de ses acteurs, avant de reprendre l’avion pour Paris, hier. « La défense ne fera que dire et redire par la suite ce que tout le monde sait déjà : il n’y a pas de dossier, pas de Droit(s). », confie le professionnel des droits. « À la suite des déclarations publiques justifiant mon départ de l’audience. Je quitte la juridiction. Et là, partout, dans la rue, dans les couloirs, à l’aéroport, je vois des visages qui s’éclairent derrière leur masque. Des visages amis, mais qui ont peur. », peint Me Antoine Vey.
Le défenseur des intérêts de l’ancienne ministre de la Microfinance, de l’Emploi des Jeunes et des Femmes, et ancienne porte-parole toujours sous le gouvernement de l’ex-chef de l’État béninois Thomas Boni Yayi, ne reconnaît plus le pays qu’il voyait bien avancé sur le plan des libertés publiques. « Le Benin (jadis un pays bien classé) a rétrogradé drastiquement dans tous les classements internationaux qui constatent un recul sans précédent des libertés publiques. », déplore l’avocat de Reckya Madougou. « Les gens me le confient publiquement partout où ils me reconnaissent, en me disant ‘’ne nous lâchez pas’’. », partage Me Antoine Vey. Ce samedi 11 décembre, au matin, l’homme en toge noire s’est réveillé sans économie de vérité sur notre pays. « La vérité, c’est que dans un système sans droits, on se sent bien impuissant. Et Reckya Madougou a sans aucune surprise été condamnée à une peine injuste et absurde. », a dit l’avocat français avant de poursuivre. « La libération des opposants politiques ne viendra que du dialogue diplomatique international. Il ne s’agit pas de pressions, mais de renvoyer une image juste de ce pays qui ne respecte pas ses engagements internationaux et viole les droits civils et politiques de ses habitants. », a encore complété Me Antoine Vey, puis revient sur la condamnation de sa cliente. « À l’annonce du délibéré, les proches de Reckya se sont effondrés. Elle m’a dit qu’elle allait rester la tête haute, et qu’elle continuera de faire valoir sa voix pour le respect du processus démocratique. », a partagé l’avocat pour conclure comme ceci. « Les idées se combattent par les idées, pas par le musellement. », a martelé Me Antoine Vey.
Les grosses condamnations de la CRIET
Avant Reckya Madougou, il faut noter que toujours dans le registre des infractions commises en marge de l’élection présidentielle du 11 avril 2021, mardi 7 décembre, tôt matin, la Cour de Porto-Novo a condamné l’opposant Joël Aïvo à 10 ans de prison ferme et d’une amende de 45 millions de Francs CFA, notamment pour « complot contre l’autorité de l’État et blanchiment de capitaux ». Le professeur de droit constitutionnel, était en détention depuis huit mois à la prison civile internationale d’Akpro-Missérété. Il convient de rappeler que la CRIET avait aussi condamné en 2018 puis en 2020 par contumace à 20 ans de prison pour « trafic de drogue et faux, usage de faux et escroquerie », le troisième de la présidentielle de 2016 et soutien du premier, Patrice Talon, au 2ème tour du scrutin présidentiel, Sébastien Germain Ajavon, opposant de l’actuel locataire du palais de la Marina. Le richissime homme d’affaires ayant fait fortune dans la volaille, vit désormais en exil en France.
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