Photo : Le ministre d’État béninois, chargé de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni
« Il n’y a pas d’anomalies ». C’est le principal verdict de la Cour des comptes, rendu sur l’affaire dite gestion des fonds Covid. Mais cette simple phrase de la haute juridiction compétente de contrôler les finances publiques au Bénin, ne suffit pas pour le gouvernement du président Patrice Talon qui a été accusé à tort d’une mauvaise gestion financière, de faire toute la lumière sur cette affaire. C’est ce qui explique la sortie médiatique d’une équipe du gouvernement Talon 2, ce mercredi 15 juin, à Cotonou. Elle était composée du ministre d’État béninois, chargé de l’Économie et des Finances, Romuald Wadagni ; du ministre béninois de la Santé, Benjamin Hounkpatin ; et enfin du Secrétaire Général Adjoint du Gouvernement, Porte-parole du gouvernement béninois, Wilfried Léandre Houngbédji. Dans la capitale économique béninoise, ces autorités sont allées de l’obscurité totale de l’affaire jusqu’à sa lumière alimentée par le rapport provisoire et définitif.
En effet, dans le rapport provisoire diffusé précédemment et qui ne devrait pas se trouver sur la place publique, donc futé, il y aurait 385 milliards de Francs CFA de dépenses effectuées pour lesquelles la Cour des comptes n’a pas reçu les justificatifs. Ce rapport, en ces pages 14 et 15, montrait que le montant total des dépenses exécutées s’élève à 453 milliards de Francs CFA, et que les dépenses validées par la juridiction étaient de 67 milliards de Francs CFA, d’où un écart de 385 milliards de Francs CFA sans justificatif, restant à clarifier. Le jeune argentier national n’a pas bégayé pour lever toute ambiguïté. Romuald Wadagni, relève qu’au niveau de la page 46 de ce même document, la Cour indique que « le récapitulatif total des dépenses exécutées s’élevait à 317 milliards de Francs CFA dont les 67 milliards de Francs CFA validés, et l’écart serait de 249 milliards de Francs CFA ». « Qu’est-ce qui explique ces différences sur l’écart dans le même rapport ? », est la principale question que Romuald Wadagni a repéré dans la tête des professionnels des médias. Le ministre d’État a posé cette question et a répondu.
En apportant les éléments de clarification sur le rapport qui a entretenu la culpabilité des autorités de Porto-Novo, le patron du Ministère de l’Économie et des Finances (MEF) est revenu sur quelques éléments ayant nourri les contradictions et servi la polémique. « Nous avons saisi la Cour par courrier daté du 31 décembre 2021 pour auditer les dépenses effectivement exécutées jusqu’à cette date. Il n’y était pas inclus les dépenses du jour. », raisonne d’entrée, Romuald Wadagni. « Ce montant de 453 milliards correspondait donc à l’estimation des dépenses que nous avions pensé que tous les sectoriels impliqués allaient engager. », explique-t-il. À en croire le ministre d’État, le MEF a transmis cette fois-ci à la Cour des comptes, le mardi 22 février dernier, les éléments d’appréciation des dépenses effectivement réalisées au 31 décembre 2021. « Il n’y avait plus d’estimation. La preuve que la Cour a eu ces éléments, c’est qu’en page 46 de son rapport provisoire, elle indique que le montant total n’est plus 453 milliards, mais 317 milliards. », soutient Romuald Wadagni. « Nous n’avons rien à cacher. », assure celui qui porte sa signature sur les billets de la Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Des jugements non-fondés. « Les gens sont restés sur le début du rapport qui a fait état des éléments estimatifs donnés. Or, la Cour elle-même indique dans le même rapport qu’elle ne les reconnaît pas. », a indiqué l’un des ministres poids lourds du gouvernement Talon 2. Plus loin dans son speech, la confiance de Patrice Talon à la tête de l’économie béninoise depuis avril 2016, va détailler que « dans les éléments envoyés au 31 décembre, le gouvernement estimait que la population sortirait massivement pour la campagne de vaccination, et avait prévu 138 milliards. Dans le réel, les informations transmises à la Cour des comptes plus tard font état de 30 milliards de dépenses de vaccination ». Selon le quadragénaire ministre, « les justifications ne sont valables que pour les actions menées ». « La première chose à retenir est que quelque part, les auditeurs sont restés sur des données estimatives pour lesquelles on ne peut donner de justificatif. », relève Romuald Wadagni.
Certains reproches de la Cour ont trait à des évidences pour le ministère des Finances, et pour lesquelles les cadres n’avaient pas fourni tous les justificatifs. Romuald Wadagni relève « La Cour pouvait se rapprocher de la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA) et même des bailleurs, ou de toutes autres structures de l’administration pour des compléments d’information. », a partagé le ministre d’État, chargé de l’Économie et des Finances. Ce qui n’a certainement pas été fait, car dans leur démarche, les auditeurs ont préféré considérer les bénéficiaires des subventions comme source de vérification. Une voie impraticable aux yeux de l’ancien président du Conseil des Ministres de l’Union Économique et Monétaire Ouest-Africaines (CM/UEMOA). « Ces personnes peuvent avoir tendance à dire [non] pour plusieurs raisons. », avance Romuald Wadagni qui explique. « En termes d’informations complémentaires, en plus de la preuve que l’argent est sorti du Trésor vers les opérateurs mobiles, nous avons donné les preuves de virement des opérateurs sur les comptes Mobiles Money (MoMo NDRL) des abonnés. », détaille-t-il.
Le jeune connaît son domaine. Patrice Talon, même peut témoigner. « Certainement pris par le délai, les auditeurs (…) ont eu une approche partielle de la démarche d’audit. », affirme Romuald Wadagni, indiquant la même approche dans la prise en charge d’une partie des charges d’électricité via la Société Béninoise de l’Énergie Électronique (SBEE). « Il s’agit de prouver qu’une fois arrivées à la SBEE, les subventions ont été effectivement positionnées sur les comptes clients en déduction des factures. », enseigne-t-il. L’homme qui est en troisième position dans la formation du gouvernement Talon 2, n’est pas allé par quatre-chemins pour partager sa joie à la suite du verdict de la Cour des comptes sur le rapport définitif lié à la gestion des fonds Covid dans notre pays. « Je me réjouis aujourd’hui qu’après avoir fourni toutes les pièces sans exception, la Cour sorte un rapport qui, certes, fait des recommandations. », a exprimé Romuald Wadagni.
Mais ce n’est pas sans raison. « Parce qu’on peut mieux faire, mais ce sont des recommandations de procédure, et conclue qu’elle n’a pas détecté d’anomalies. », confie le ministre d’État. Sa lumière a reçu plus d’éclat par les apports d’explications de son collègue en charge de la Santé. « À l’analyse de certaines recommandations de la Cour, il faut situer le contexte de la gestion de la crise sanitaire. », a d’abord relevé Benjamin Hounkpatin. Le médecin continu. « En février 2020, on était en situation d’une nouvelle maladie pour laquelle, même pour le diagnostic, on ne disposait pas encore des réactifs, des tests, encore moins pour le traitement. », a ajouté le patron du Ministère de la Santé (MS). Il convient de préciser que les garants du quatrième Pouvoir ont été illuminés sur cette histoire à dormir debout qui visait à tâcher les louables efforts du gouvernement du président Patrice Talon dans la lutte contre l’ennemi cruel invisible et meurtrier mondial avec ses restrictions dans notre pays et qui sont salués par les institutions financières internationales. Que les becs soient à jamais cloués ! Le gouvernement est blanc comme la neige.
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